Tout à sa lutte contre l'immigration illégale, Donald Trump a réitéré mardi sa menace de fermer dans les prochains jours « de grandes portions » de la frontière avec le Mexique malgré l'impact potentiellement catastrophique pour l'économie des États-Unis.

Le président américain a appelé le Mexique à interpeller les migrants originaires d'Amérique centrale qui transitent sur son sol et le Congrès à muscler les lois migratoires des États-Unis, faute de quoi a-t-il dit, « la frontière sera fermée, c'est sûr à 100 % ».

La fermeture portera peut-être uniquement sur « de grandes portions de la frontière » et pas sur les 3200 kilomètres qui séparent les États-Unis du Mexique, a-t-il précisé, promettant une annonce « dans les prochains jours ».

Vendredi, il doit se rendre à la frontière au niveau de Calexico, en Californie.

Le chef de la majorité républicaine au Sénat, Mitch McConnell, a immédiatement exprimé son désaccord avec le président. « Fermer la frontière pourrait avoir un impact économique catastrophique sur notre pays et j'espère que nous n'allons pas le faire », a-t-il dit à des journalistes.

Donald Trump, qui s'exprimait en marge d'une rencontre avec le secrétaire général de l'OTAN Jens Stoltenberg, a balayé cet argument.

« C'est sûr que cela aura un impact sur l'économie », a-t-il reconnu. Le Mexique « est un gros partenaire commercial » avec lequel « nous venons de signer l'un des plus importants accords commerciaux au monde », a-t-il souligné en référence au nouvel « Accord États-Unis-Mexique-Canada (AEUMC) » qui remplace l'ALENA.

Mais « la sécurité est plus importante que le commerce », a-t-il assuré, en accusant à nouveau la frontière d'être poreuse pour les trafiquants de drogue.

« Calamité »

Au même moment, son conseiller économique Larry Kudlow expliquait sur CNBC que la Maison-Blanche envisageait plusieurs « options » pour minimiser « les dégâts pour l'économie » américaine.

« On pourrait garder les lignes de fret ouvertes pour les camions » afin d'empêcher des ruptures des chaînes d'approvisionnement, a-t-il notamment évoqué.  

Cela pourrait être « plus difficile » pour les travailleurs frontaliers ou les touristes, a-t-il toutefois reconnu.

Le Mexique est le deuxième partenaire commercial des États-Unis, les échanges entre les deux pays s'étant élevés à 612 milliards de dollars en 2018.  

La balance commerciale est déficitaire pour les États-Unis qui importent notamment du Mexique des pièces détachées essentielles pour l'industrie automobile ou des produits agricoles nécessaires à l'industrie alimentaire.  

« Nous partageons l'inquiétude du gouvernement sur l'arrivée massive de migrants [...] mais nous nous opposons à la fermeture de la frontière avec le Mexique », a réagi Neil Bradley l'un des responsables de la Chambre américaine du commerce, en rappelant que 1,7 milliard de marchandises et près d'un demi-million de personnes traversent la frontière chaque jour.

D'après son organisation, fermer la frontière avec le Mexique serait « une calamité » pour les États-Unis et mettrait immédiatement en danger cinq millions d'emplois.

« Seul moyen »

Donald Trump a fait de la lutte contre l'immigration illégale une de ses priorités, mais est confronté à une hausse des arrivées de migrants en provenance essentiellement du Honduras, du Guatemala ou du Salvador estimés à environ 100 000 par mois.

Or, contrairement aux flux de Mexicains célibataires, faciles à expulser, ces migrants, souvent en famille, déposent des demandes d'asile et peuvent se maintenir sur le sol américain.

Face à cette « crise migratoire », Donald Trump a régulièrement menacé de fermer la frontière sud. Vendredi, il s'était dit prêt à le faire dans le courant de cette semaine si le Mexique n'intervenait pas pour endiguer ces flux.

Depuis, a-t-il assuré, les autorités mexicaines ont procédé à « des milliers » d'interpellations. « On va voir s'ils vont continuer », a lancé Donald Trump mardi, en se disant « totalement prêt », sinon, à verrouiller la frontière. « C'est le seul moyen d'obtenir une réponse », a-t-il estimé.

Le milliardaire républicain a également défendu sa décision de couper des subventions destinées aux trois pays d'origine des flux migratoires. « Ils ne font rien pour nous » et « profitent des États-Unis », a-t-il déclaré.

Le ministère américain des Affaires étrangères a précisé que ces coupes portaient sur environ 450 millions de dollars d'aide prévus dans le budget 2018 et des fonds non dépensés en 2017, dont le montant reste à évaluer.