Il y a 40 ans, l'accident de la centrale nucléaire de Three Mile Island marquait profondément l'opinion publique, sans pourtant avoir tué quiconque.

Cet accident, dû à des défauts de conception, de fonctionnement et à des erreurs humaines, a été classé au niveau 5 de l'échelle internationale des accidents nucléaires Ines, tandis que Tchernobyl et Fukushima ont atteint le niveau maximum de 7.

Il est survenu alors que venait de sortir en salles le film catastrophe The China Syndrome, mettant en vedette Jane Fonda et Michael Douglas, décrivant un grave péril nucléaire dans une centrale californienne. La coïncidence a frappé les esprits et lui a donné davantage d'écho encore.

«Alerte générale»

Le 28 mars 1979, une alerte générale est décrétée à la centrale nucléaire de Three Mile Island, située en Pennsylvanie, à mi-chemin entre New York et Washington, après «la rupture d'un mécanisme de refroidissement».  

Une panne dans la partie non nucléaire de la centrale a entraîné une hausse de la pression dans le «circuit primaire» d'eau du coeur du réacteur numéro 2. Celui-ci s'arrête alors automatiquement par sécurité et une soupape se déclenche pour faire retomber la pression.

Cette soupape aurait dû se refermer automatiquement une fois la pression retombée. Mais elle reste ouverte et un voyant indique de manière erronée en salle de contrôle qu'elle s'est refermée. De l'eau de refroidissement s'échappe par la valve, entraînant la surchauffe rapide du réacteur.

Fusion du coeur

Faute de disposer de bonnes informations et d'analyser correctement la situation, les techniciens prennent des décisions ayant pour conséquence de réduire encore le niveau d'eau de refroidissement dans le coeur.  

La température du combustible nucléaire s'élève dangereusement et le coeur commence à fondre. Les responsables finissent par comprendre la situation et à réinjecter de l'eau.

Il faudra cinq jours pour que la situation repasse sous contrôle. Le gouverneur de Pennsylvanie fait évacuer femmes enceintes et enfants en bas âge des environs immédiats. Il demande aux autres habitants de rester calfeutrés chez eux.

L'envoyé spécial Michel Faure constate le 30 mars  : «Les rues de la petite ville de Middletown, nichée dans un paysage vallonné au pied de quatre énormes tours de refroidissement de la centrale nucléaire de Three Mile Island (sont) désertes. Les habitants sont restés enfermés toute la journée chez eux».

Finalement l'enceinte de confinement tient bon et, à l'extérieur, les émanations radioactives semblent limitées. Le 1er avril, le président Jimmy Carter se rend sur place pour calmer les esprits. Le 9 avril, les femmes enceintes et enfants évacués sont autorisés à revenir chez eux et le 27 avril, la situation est définitivement stabilisée dans le réacteur endommagé.

Selon la Commission américaine de régulation du nucléaire (NRC), la dose radioactive moyenne reçue par les deux millions d'habitants de la région a été de 1 millirem (0,01 millisievert), soit moins qu'une radio des poumons.

Les seules victimes ont été quatre employés exposés à une surdose de radioactivité.

Perte de confiance

Mais la compagnie propriétaire de la centrale, Metropolitan Edison, a manipulé l'information dans les premiers jours, multipliant les déclarations optimistes et mentant même au gouverneur de l'État. Le public a appris plusieurs mois après que l'accident aurait pu se transformer en désastre nucléaire.

Selon des études ultérieures, 45% du combustible a fondu, se mélangeant à des gaines et autres éléments de structure pour former un magma appelé «corium». Une partie du corium - 20 tonnes environ - s'est écoulée dans le fond de la cuve qui a résisté.

Les travaux de nettoyage et de décontamination de la centrale ont duré jusqu'en 1993 et ont coûté 973 millions de dollars.  

Le réacteur numéro 1, non concerné par l'accident, a été remis en service en 1985 et doit être définitivement arrêté le 30 septembre 2019.

L'accident a suscité la colère de la population américaine, qui n'a jamais totalement repris confiance en cette forme d'énergie.

Jimmy Carter a tenté de rassurer la population en visitant la centrale, chaussé de bottes de protection jaunes.