Le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo s'en est pris lundi aux démêlés du Labour britannique avec l'antisémitisme, dénonçant une « honte nationale » dans une attaque inhabituelle contre un parti d'opposition d'un pays allié.

« Je suis profondément inquiet au sujet d'une vieille menace qui refait surface pour Israël et les juifs du monde entier : la menace de l'antisémitisme », a lancé le secrétaire d'État lors de la conférence annuelle de l'American Israel Public Affairs Committee (Aipac), puissant lobby pro-israélien aux États-Unis.

« En Grande-Bretagne, la tolérance du Parti travailliste face à l'antisémitisme dans ses rangs est une honte nationale », a ajouté le responsable de l'administration républicaine, évoquant aussi les « attaques » contre les juifs en France, en Allemagne mais également aux États-Unis.

Cette critique virulente, visant un des principaux partis de gouvernement - actuellement dans l'opposition - d'un des plus proches alliés de Washington, est inhabituelle dans la bouche d'un chef de la diplomatie américaine.

Les accusations d'antisémitisme empoisonnent de fait le Labour, dont le chef Jeremy Corbyn est accusé de complaisance par une frange du parti. Neuf députés travaillistes ont claqué la porte du parti ces dernières semaines, certains se disant « malades » devant l'antisémitisme au sein de la formation de gauche.

Très applaudi et se présentant en « champion de la liberté religieuse » et en ardent défenseur d'Israël, Mike Pompeo a aussi critiqué ceux qui remettent en cause l'existence de l'État hébreu.

« L'antisionisme est un antisémitisme », a-t-il martelé. « L'administration Trump s'y oppose sans équivoque et le combattra sans relâche », a-t-il ajouté.

Il a aussi une nouvelle fois visé des élus du Congrès américain, dans une référence à peine voilée au parti démocrate, traversé par un débat houleux sur le sujet après les propos controversés d'une élue musulmane sur le soutien des États-Unis à Israël.

Issue des rangs démocrates, Ilhan Omar, seule élue du Congrès à porter le voile islamique, a dénoncé fin février le fait que certains lobbies poussent à faire « allégeance à un pays étranger », dans une référence à l'Aipac.  Et de nombreux candidats à la primaire démocrate en vue de la présidentielle de 2020 ont préféré ne pas se rendre cette année à la grand-messe du lobby pro-Israël.