Le sénateur indépendant Bernie Sanders, candidat malheureux aux primaires démocrates de 2016 face à Hillary Clinton, s'est relancé mardi dans la course à la Maison-Blanche, avec en ligne de mire Donald Trump.

En annonçant mardi son intention de briguer l'investiture démocrate à l'élection présidentielle, le sénateur du Vermont n'a pas caché son ambition : la victoire, face au «président le plus dangereux dans l'histoire moderne américaine» selon lui.

«Nous allons gagner», a-t-il dit à un journaliste de la chaîne CBS l'interrogeant sur la différence entre sa campagne de 2016 et celle à venir.

Bernie Sanders, 77 ans, visage désormais très connu de la politique américaine, est l'un des favoris parmi la dizaine de candidats qui se sont déjà lancés dans la course démocrate pour déloger le 45e président des États-Unis.  

Ce natif de Brooklyn, aux idées nettement marquées à gauche, et qui assume l'étiquette «socialiste», a attaqué férocement le milliardaire républicain en annonçant sa candidature.

Donald Trump est un «menteur pathologique», a tancé ce pourfendeur de Wall Street lors d'un entretien avec une radio du Vermont, État du nord-est du pays, à laquelle il avait réservé son annonce.

«C'est un raciste, un sexiste, un homophobe, un xénophobe, quelqu'un qui grappille des gains politiques à bon marché en tentant de s'en prendre aux minorités, souvent des immigrants sans papiers», a tonné Bernie Sanders.

«Nous avons besoin d'un président qui comprenne que le changement climatique est réel, est une menace existentielle pour notre pays et pour notre planète», a également lancé M. Sanders dans une vidéo d'une dizaine de minutes. Une attaque frontale contre le président républicain, climatosceptique, qui a retiré les États-Unis de l'accord de Paris sur le climat.

«Je souhaite bonne chance à Bernie», lui a répondu Donald Trump depuis le bureau Ovale. «Personnellement, je pense qu'il a laissé passer sa chance, mais j'aime bien Bernie», a-t-il ajouté, notant même des points communs sur la question des échanges commerciaux.  

«Révolution politique»

Lorsqu'il s'est présenté aux primaires démocrates en 2016, Bernie Sanders faisait figure d'outsider, avant de longtemps tenir tête à Hillary Clinton. Celle-ci l'avait finalement emporté aux primaires, avant d'être battue par Donald Trump.

La campagne de Bernie Sanders avait suscité un engouement important, notamment auprès des jeunes, avec des idées vues à l'époque comme radicales mais aujourd'hui défendues par d'autres démocrates, comme la benjamine du Congrès Alexandria Ocasio-Cortez, ancienne de la campagne Sanders de 2016, et bon nombre de candidats actuels à la primaire.  

Couverture santé universelle, université publique gratuite et salaire minimum à 15 dollars : Bernie Sanders relève que beaucoup de ses promesses de 2016 sont maintenant «très très populaires».

La réponse du camp Trump, qui agite le mot «socialisme» comme un épouvantail, a fusé mardi matin.  

«Bernie Sanders a déjà gagné le débat à la primaire démocrate parce que chaque candidat adopte son modèle de socialisme», que les Américains «vont rejeter», a écrit l'équipe de campagne de Trump pour 2020.

Preuve que la course est bien lancée, de nouveaux recrutements ont été annoncés dans l'équipe devant mener le président républicain vers sa réélection face à des candidats démocrates au «programme extrême».

Longue route

Mais la route est longue vers le 1600, Pennsylvania Avenue, à Washington.

La popularité des idées progressistes de Bernie Sanders, qui appelle au renouvellement des élites, risque de se heurter à son profil, un septuagénaire blanc déjà candidat en 2016 alors que les autres prétendants affichent cette fois une grande diversité.  

Certains militants du mouvement #metoo avaient même condamné d'avance sa candidature, après que certaines des employées de sa campagne 2016 eurent indiqué avoir été sexuellement harcelées par des collègues plus âgés.

Bernie Sanders a présenté des excuses début janvier tout en assurant ne pas avoir été au courant des faits à l'époque.

L'homme aux cheveux blancs rebelles et au crâne dégarni, qui demeure populaire au sein des démocrates, a été élu à la Chambre des représentants de 1990 à 2006 avant de devenir sénateur. Il a été confortablement réélu en novembre.

La candidature d'un autre poids lourd démocrate, Joe Biden, ancien vice-président de Barack Obama, est également attendue.

Les candidats démocrates à la présidentielle de 2020 :

Bernie Sanders

Se décrivant comme un «socialiste», le sénateur indépendant avait surpris en électrisant la primaire démocrate de 2016 contre Hillary Clinton, avec un programme nettement plus marqué à gauche. Il s'était finalement incliné contre l'ex-secrétaire d'État, mais espère, à 77 ans, transformer cette fois l'essai de sa «révolution politique», maintenant que ses idées sont reprises par nombre d'autres démocrates.  

Il apparaît en seconde place des sondages qui dénotent surtout, à plus de 20 mois de l'élection, le niveau de notoriété.  

Amy Klobuchar

Ancienne procureure et petite-fille d'un mineur, la sénatrice de 58 ans a été largement réélue en novembre 2018 pour un troisième mandat dans le Minnesota, où elle reste très populaire, y compris dans les bastions miniers qui ont basculé en faveur de Donald Trump en 2016.

Plus au centre que ses concurrents démocrates, elle soutient toutefois le droit à l'avortement et la lutte contre le changement climatique. Elle a annoncé sa candidature, sous la neige, le 10 février.  

Elizabeth Warren

À 69 ans, la sénatrice du Massachusetts avait donné le coup d'envoi de la course du côté des grands noms démocrates dès le 31 décembre 2018. Défiant la polémique sur ses lointaines origines amérindiennes, l'ancienne professeure de droit à Harvard, surnommée «Pocahontas» par le président Donald Trump, a officialisé sa candidature le 2 février. À gauche du parti, elle a construit sa réputation en pourfendant les «excès» de Wall Street.  

Cory Booker

Sénateur noir charismatique et médiatique, souvent comparé à Barack Obama, Cory Booker a annoncé sa candidature le 1er février en prêchant le rassemblement dans une Amérique divisée. Ancien maire de Newark, dans le New Jersey, ce bon orateur âgé de 49 ans était pressenti depuis des années pour la course à la présidentielle. En 2016, Hillary Clinton avait envisagé d'en faire son colistier.

Kamala Harris

Très attendue, la sénatrice de Californie qui ambitionne de devenir la première présidente noire des États-Unis a annoncé sa candidature en janvier, le jour où l'Amérique rendait hommage, comme chaque année, à Martin Luther King. Fille d'une chercheuse indienne en médecine et d'un économiste jamaïcain, Kamala Harris, 54 ans, a d'abord été procureure à San Francisco puis a pris la tête des services judiciaires de toute la Californie (2001-2017).  

Kirsten Gillibrand

La sénatrice de New York s'est fait un nom en luttant contre le harcèlement sexuel, notamment au sein de l'armée, avant l'émergence du mouvement #metoo qu'elle soutient activement. À 52 ans, elle a créé un comité exploratoire le 15 janvier.  

Julian Castro

Petit-fils d'une immigrée mexicaine et ex-ministre de Barack Obama, Julian Castro a annoncé sa candidature en anglais et espagnol le 12 janvier, en plein débat agité sur l'immigration. Ancien maire de la ville texane de San Antonio, il espère, à 44 ans, devenir le premier président hispanique des États-Unis.  

Pete Buttigieg

Le jeune maire de la ville de South Bend, dans l'Indiana, a rejoint la course le 23 janvier avec un message résolument tourné vers l'avenir. Ancien militaire âgé de 37 ans, il deviendrait le premier candidat ouvertement homosexuel à la présidentielle américaine.  

Tulsi Gabbard

À seulement 37 ans, cette élue de la Chambre des représentants originaire d'Hawaii s'est lancée dans la course le 11 janvier. Soutien de Bernie Sanders en 2016, l'ancienne militaire a été critiquée pour avoir rencontré le dirigeant syrien Bachar al-Assad en pleine guerre civile, et pour d'anciens propos anti-homosexuels qu'elle a depuis dit regretter.  

John Delaney

Ancien élu à la Chambre des représentants, John Delaney, 55 ans, s'est lancé dès juillet 2017 dans la course, mais ses chances semblent minces.  

Andrew Yang

Entrepreneur très peu connu âgé de 44 ans, il s'est lancé presque sans bruit dès la fin 2017, en mettant en garde contre les dangers des nouvelles technologies pour l'emploi américain.  

Les pressentis qui n'ont encore rien dit

Plusieurs grands noms du côté démocrate ne se sont pas encore décidés, avec, en tête des pronostics, l'ancien vice-président de Barack Obama, Joe Biden, ainsi que le sénateur Sherrod Brown, l'ex-élu de la Chambre Beto O'Rourke et le milliardaire Michael Bloomberg.