Il y a un an, le jour de la Saint-Valentin, un tireur ouvrait le feu dans une école secondaire en Floride, tuant 17 personnes : cette attaque a déclenché aux États-Unis un vaste mouvement de protestation contre les armes, aiguillé par les jeunes, mais les lignes ont peu bougé sur le plan législatif fédéral.

Meurtris, les élèves de Parkland ont su convertir leur deuil en militantisme. Ils ont ouvert un débat national, qui a culminé avec la plus grande manifestation contre les armes de l'histoire des États-Unis, le 24 mars 2018. Mais la litanie des fusillades meurtrières s'est poursuivie.

Quatre mois avant cette funeste Saint-Valentin, un homme avait tué 58 personnes lors d'un concert à Las Vegas. Un an et demi plus tôt, une attaque armée dans un bar gay d'Orlando, en Floride, avait fait 49 morts. Et la liste est tristement extensible.

Rien que depuis le début de l'année 2019, le site Gun Violence Archive a recensé 37 fusillades aux États-Unis, ayant fait au total plus d'une cinquantaine de victimes décédées.  

« Tellement de fusillades ont eu lieu. Tout ce que vous recevez, ce sont des pensées et des prières, mais en fin de compte, rien ne se passe », témoigne à l'AFP Ryan Servaites, survivant de la tuerie de l'école Marjory Stoneman Douglas de Parkland.

« C'est une honte que notre gouvernement n'ait absolument rien fait à ce sujet. Nous en avons marre », poursuit le jeune homme de 16 ans.

Fini les bump stocks

Un mois après l'attaque qui a frappé leur établissement, les étudiants militants avaient réussi à rassembler des centaines de milliers de personnes dans la capitale, Washington, sous la bannière « March For Our Lives » (Marchons pour nos vies).

Plus de 800 marches s'étaient déroulées dans d'autres villes des États-Unis et dans le monde.

Les jeunes de Parkland ont ensuite arpenté 26 États, visité des écoles, échangé avec des législateurs, publié un livre, participé à un documentaire de la chaîne HBO et, surtout, poussé pour que les lois changent.

« Notre enfance a pris fin en 11 minutes », ont écrit en novembre les leaders étudiants David Hogg et Emma Gonzalez dans les colonnes du Washington Post, en référence à la durée de l'attaque.

Leur État de Floride, dirigé par des républicains, ne leur a pas facilité la tâche. Mais ils ont contribué à y faire adopter des lois locales auxquelles s'opposait le puissant lobby américain des armes, la National Rifle Association (NRA).

Parmi elles : la création d'une « alerte rouge » permettant aux juges d'ordonner de saisir les armes de personnes considérées comme mentalement instables ; le relèvement à 21 ans de l'âge légal minimum pour acheter une arme, et l'interdiction des bump stocks, un dispositif permettant de tirer en rafale.  

Le président Donald Trump a étendu en décembre l'interdiction des bump stocks à l'ensemble des États-Unis. Et selon le Giffords Law Center, qui y voit « un mouvement tectonique », quelque 67 lois limitant l'accès aux armes ont été adoptées depuis le massacre de Parkland, dans 26 États et la capitale fédérale, Washington.

En fait, aucune mesure nationale d'ampleur n'a été prise au Congrès.

Maintenir la pression

Le mouvement anti-armes n'entend pourtant pas relâcher la pression en 2019.

Des parlementaires des deux principaux partis américains ont déposé vendredi un projet de loi en faveur d'un contrôle systématique des antécédents judiciaires avant toute vente d'arme, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui pour les armes vendues entre particuliers sur l'internet.

Mais les défenseurs du deuxième amendement de la Constitution des États-Unis, qui garantit la détention d'arme, sont décidés à combattre ce projet.

Un groupe de survivants et de familles de victimes de la tuerie de Parkland a par ailleurs lancé lundi une pétition qui, si elle obtient suffisamment de signatures en un an (766 220), ouvrirait la voie à un référendum sur l'interdiction de la vente de fusils d'assaut en Floride.

« Nous avons pour objectif d'amender la Constitution de la Floride pour interdire les fusils d'assaut de type militaire comme celui qui a été utilisé pour assassiner mes camarades de classe », a expliqué mardi le jeune militant David Hogg.

L'auteur de la fusillade, Nikolas Cruz, 20 ans, est de son côté emprisonné en Floride dans l'attente de son procès. Les procureurs de Floride ont fait savoir dès mars dernier leur intention de requérir la peine de mort à son encontre, pour ses 17 meurtres avec préméditation.