Une journaliste de la télévision d'État iranienne a accusé samedi les États-Unis de violences et de discrimination à l'encontre des musulmans et des noirs, après y avoir été emprisonnée dix jours puis libérée.

Marzieh Hachemi, une femme noire de 59 ans, avait été arrêtée le 13 janvier à l'aéroport de Saint-Louis au Missouri, sur la base d'une loi qui permet aux autorités d'arrêter des personnes considérées comme de potentiels témoins essentiels dans des affaires pénales.

La « loi sur le témoin essentiel » (material witness law, en anglais) est « systématiquement utilisée aux États-Unis pour viser en majorité des musulmans depuis plus de deux décennies », a clamé samedi Mme Hachemi, lors d'une conférence de presse à Téhéran où elle est rentrée mercredi.

Née aux États-Unis sous le nom de Melanie Franklin avant sa conversion à l'islam et son mariage avec un Iranien, Mme Hachemi vit en Iran où elle est depuis 25 ans l'un des visages les plus connus de la chaîne anglophone Press TV.

« J'ai été emprisonnée et traitée comme une criminelle sur la base de cette loi sans aucune charge. La loi utilise des preuves fausses, faibles ou non pertinentes pour lancer des mandats d'arrêt contre les musulmans », a-t-elle ajouté.

Mme Hachemi s'était rendue aux États-Unis pour rendre visite à un frère malade et à d'autres proches et pour travailler sur un « un projet de documentaire indépendant » sur la brutalité de la police américaine contre les Afro-Américains, a-t-elle dit.       

Elle ne pouvait pas donner de précisions sur son emprisonnement, pour des raisons légales, accusant tout de même les autorités d'avoir agi à l'« aveuglette » sans aucune cause ou charge crédibles.  

Selon un tribunal américain, Mme Hachemi était détenue dans le cadre d'une enquête pénale pour donner son témoignage, mais n'était accusée d'aucun crime.

Le ministre iranien des Affaires étrangères a convoqué l'ambassadeur suisse à Téhéran, qui représente les intérêts des États-Unis en Iran, ces deux pays ayant rompu leurs relations après la Révolution islamique en 1979.

Le ministre iranien des Affaires étrangères Javad Zarif avait accusé les États-Unis « de violer les droits civils des hommes et des femmes noirs », et qualifié l'arrestation de Mme Hachemi d'« acte politique inacceptable qui piétine la liberté d'expression ».