(Washington) Deux proches conseillers de Donald Trump ont ignoré ou résisté aux ordres du président américain, affirmant qu’ils tentaient de «sauver le pays», révèle l’ancienne ambassadrice des États-Unis à l’ONU Nikki Haley dans un livre à paraître mardi.

Selon elle, l’ex-secrétaire d’État Rex Tillerson et l’ancien chef de cabinet de la Maison-Blanche John Kelly lui ont demandé de les aider à contourner les décisions du milliardaire, ce qu’elle a refusé.

«Je ne pouvais pas accepter que deux personnages clés d’un gouvernement affaiblissent le président», écrit-elle.

Les deux hommes, qui ont quitté l’administration Trump en 2018, «m’ont confié que quand ils résistaient au président, ce n’était pas de l’insubordination, mais qu’ils tentaient de sauver le pays», explique Mme Haley dans son livre With All Due Respect, dont le Washington Post a publié des extraits.

NYT

Rex Tillerson et Donald Trump en novembre 2017.

«C’était leurs décisions, et pas celles du président, qui étaient dans le meilleur intérêt de l’Amérique, disaient-ils. Le président ne savait pas ce qu’ils faisaient», ajoute-telle, précisant que Rex Tillerson lui avait dit que des gens allaient mourir s’ils laissaient faire Donald Trump.

Admettant qu’elle n’était pas elle-même toujours d’accord avec les décisions du milliardaire, Nikki Haley estime que les deux responsables auraient dû démissionner.

Fille d’immigrés indiens au caractère affirmé, cette dernière a quitté son poste d’ambassadrice à l’ONU fin 2018, après avoir été la femme la plus en vue du gouvernement.  

John Kelly, dont les relations avec le président s’étaient détériorées depuis juillet 2017, a suivi peu après. Rex Tillerson avait lui été limogé en mars 2018, après des mois de tensions avec Donald Trump.

Les révélations de Nikki Haley font écho au livre Fear du journaliste d’investigation Bob Woodward, paru en septembre 2018, selon lequel des hauts responsables de la Maison-Blanche avaient tenté d’empêcher le président américain, décrit comme inculte, colérique et paranoïaque, de déraper.  

AFP

John Kelly et Donald Trump en juillet 2017.

L’un d’eux, l'ancien conseiller économique Gary Cohn, serait allé jusqu’à voler l’exemplaire d’un ordre présidentiel pour éviter que Donald Trump le signe.  

Dans son livre, Nikki Haley fait front avec le président sur plusieurs décisions critiquées par la communauté internationale : les retraits américains de l’accord sur le nucléaire iranien et l’accord de Paris sur le climat, ou la décision de transférer l’ambassade américaine en Israël à Jérusalem.

Mais elle dit aussi avoir été en désaccord avec lui, notamment lorsqu’il a affirmé croire son homologue russe Vladimir Poutine, qui niait l’ingérence du Kremlin dans la présidentielle de 2016, ou quand M. Trump avait parlé de «gens très bien» à la fois chez les néo-nazis et les militants antiracistes qui s’étaient affrontés à l’été 2017 à Charlottesville. Ces mots étaient «blessants et dangereux», écrit-elle.

John Kelly a réagi en assurant au Washington Post qu’il avait donné au président les conseils «les plus ouverts, légaux et moraux […] pour qu’il prenne une décision avisée». Rex Tillerson n’a pas fait de commentaire.