(Washington) Un plus grand nombre d’Américains approuvent l’enquête sur la destitution du président Donald Trump, bien qu’un tiers seulement des répondants estiment que l’enquête devrait être une priorité absolue pour le Congrès, selon un nouveau sondage réalisé par l’Associated Press et le Centre de recherche sur les affaires publiques NORC.

Ce soutien solide, quoique modéré, sert de signal d’avertissement pour la Maison-Blanche et la campagne de réélection de Donald Trump, qui ont insisté sur le fait que la poursuite finirait par être une vulnérabilité pour les démocrates à l’horizon 2020.

Mais les résultats présentent aussi certaines mises en garde pour les démocrates : de plus en plus de personnes disent que les membres de la Chambre sont motivés principalement par la politique partisane plutôt que par le devoir alors qu’ils enquêtent sur les relations du président républicain avec l’Ukraine.

Dans l’ensemble, plus d’Américains approuvent l’enquête, soit 47 %, comparativement à 38 % qui la désapprouvent.

Néanmoins, 53 % des Américains sondés estiment que la Chambre agit principalement pour des raisons politiques et pour contester la présidence de Donald Trump.

Une proportion un peu moins grande d’Américains, soit 43 %, croit que les membres agissent surtout en raison de leur bonne foi et de la responsabilité d’enquêter sur le pouvoir exécutif.

Débat polarisé

Plus les témoignages dans l’enquête sur la destitution sont concrets, plus les républicains se rangent fortement derrière le président Donald Trump.

Témoins après témoins, lors d’audiences à huis clos à la Chambre des représentants, corroborent des faits qui, selon les démocrates, constituent un dossier solide contre le président.

Donald Trump a exercé des pressions sur l’Ukraine, pays allié des États-Unis, pour qu’il enquête sur Joe Biden, sa famille et les démocrates. Durant la même période, l’administration Trump a suspendu l’aide militaire à la jeune démocratie confrontée à l’agression russe.

Pour les démocrates, il s’agit là d’un abus de pouvoir effronté, d’un quid pro quo, qui aurait vu l’administration Trump transiger des fonds de politique étrangère à des fins politiques personnelles.

« Je pense que rien ne justifie l’inconduite de ce président », a déclaré lors d’une entrevue le président du comité du renseignement menant l’enquête, Adam Schiff.

Les républicains, eux, ne veulent rien entendre. M. Trump dit qu’il ne s’agit que d’une « chasse aux sorcières », et ses partisans sont d’accord.

« La population américaine voit bien ce qu’il en retourne », a dit croire le représentant de l’Ohio Jim Jordan, plus haut républicain au comité de surveillance faisant partie de l’enquête. « Nous voyons cela tout comme la population américaine, et nous savons — vraiment — que c’est faux. »

Tandis que cette enquête se déroule dans le sous-sol du Capitole, une autre version se joue à l’étage pour le public.

La présidente de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, a organisé un vote cette semaine pour officialiser l’enquête sur la destitution et le résultat a été scindé en fonction de lignes de parti.

Pas un seul républicain n’a rejoint les démocrates pour approuver la tenue de l’enquête. Tous les démocrates, à l’exception de deux d’entre eux, ont soutenu l’enquête.

Dans les précédentes procédures de destitution de l’ère moderne, au moins certains législateurs avaient traversé les frontières des partis pour apporter initialement un soutien bipartite aux enquêtes sur Richard Nixon et Bill Clinton.

Mais les temps sont différents. La polarisation du pays se manifeste dans presque tous les aspects de la vie politique. Jusqu’à présent, les procédures sur la destitution ne font que refléter cette division, au Congrès comme dans l’ensemble du pays.

Ni Donald Trump ni les républicains du Congrès ne contestent la transcription brute de la conversation téléphonique de M. Trump en juillet avec le président ukrainien Volodymyr Zelenskiy. Ils soutiennent que cette transcription prouve que le président n’a rien fait de mal.

Julian Zelizer, professeur à l’Université de Princeton, estime que la partisanerie est plus grande que durant le Watergate et que « la loyauté envers le parti est encore plus imposante ».

Il est donc fort peu probable qu’un groupe de législateurs républicains se rende à la Maison-Blanche pour dire au président qu’il en est fini pour lui, comme lors de la procédure de destitution contre Nixon.

Jusqu’à présent, les républicains soutiennent sans réserve Donald Trump. Les enquêteurs à la Chambre se préparent maintenant à amener les audiences de destitution sur la scène publique.