(Washington) La justice américaine a bloqué mardi l’entrée en vigueur d’une loi de l'Alabama interdisant aux femmes de cet État conservateur et religieux d’avorter, même en cas de viol ou d’inceste.

La loi, adoptée en mai, assimile l’avortement à un homicide et prévoit une peine de 10 à 99 ans de prison pour les médecins qui pratiqueraient quand même des interruptions volontaires de grossesse, sauf en cas d’urgence vitale pour la mère ou d’« anomalie létale » du fœtus.

Ce texte « viole clairement la jurisprudence de la Cour suprême » et « la Constitution » des États-Unis, a toutefois estimé le juge Myron Thompson qui a décidé de bloquer son entrée en vigueur, prévue en novembre, en attendant un examen de fond du dossier.  

En 1973, la Cour suprême des États-Unis a décidé de légaliser le droit d’avorter et a ensuite précisé que les femmes pouvaient interrompre leur grossesse tant que le fœtus n’est pas viable (soit environ pendant 24 semaines).

La puissante association de défense des libertés civiles ACLU et celle de planification familiale Planned Parenthood, qui avaient saisi la justice, ont salué une « victoire pour l’Alabama » et « la nation entière » et ont promis de continuer à se battre contre une offensive conservatrice qui « vise à rendre l’avortement illégal aux États-Unis ».

La loi de l’Alabama est la plus restrictive d’une série de mesures adoptées dans plusieurs États conservateurs du centre et du sud du pays (la Bible Belt) depuis le début de l’année. Ces textes, qui interdisent d’avorter dès les premiers battements de cœur du fœtus ou à 8 semaines de grossesse, ont jusqu’ici tous été bloqués en justice.  

L’objectif affiché de leurs promoteurs est à plus long terme : il s’agit, à force de recours, de fournir un motif à la Cour suprême de se saisir à nouveau du sujet. Ils misent sur les nouveaux juges nommés par le président républicain Donald Trump pour qu’elle revienne en arrière.

Cette offensive a suscité la mobilisation des milieux progressistes, notamment d’Hollywood qui a menacé d’arrêter les tournages dans l’État de Géorgie, où une loi comparable a été adoptée. Pussy Riot, groupe contestataire et féministe russe, a joué à guichets fermés en juillet en Alabama pour soutenir le droit à l’avortement dans cet État.