(Washington) Maria Butina, la femme russe aux liens étroits avec le puissant lobby pro-armes américain NRA, reconnue coupable d’ingérence, devrait retourner en Russie après sa sortie d’une prison de Floride vendredi.

Seule ressortissante russe condamnée dans l’enquête sur les interférences de Moscou dans la politique intérieure américaine, Mme Butina avait tissé des liens avec la National Rifle Association, lui permettant d’entrer en contact avec Donald Trump avant son élection ainsi qu’avec un de ses fils.

Elle avait affirmé être dans une démarche pour assurer de meilleures relations entre les États-Unis et son pays d’origine, et, inscrite à l’université à Washington, vivait avec un responsable républicain.

Inculpée pour « complot » en vue de « promouvoir les intérêts de la Russie », Mme Butina a été arrêtée en juillet 2018 et a écopé d’une peine de 18 mois de prison en avril dernier, dont près de la moitié reconnue comme déjà purgée.  

Elle coopérait avec la justice américaine depuis qu’elle avait plaidé coupable en décembre d’avoir agi comme un agent d’un pays étranger sans notifier officiellement le gouvernement, un chef d’inculpation qualifié d’« espionnage light » par l’accusation.

Originaire de Sibérie, elle s’était fait remarquer dès 2014 du lobby conservateur américain en militant pour une organisation pro-armes russe, le « Droit aux armes ».  

Sur les réseaux sociaux, la jeune femme aux longs cheveux roux dénonçait la stricte régulation sur les armes dans son pays, posant souvent avec un pistolet à la main.

L’un de ses conseils, un avocat à Washington n’a pas répondu aux questions concernant les plans de Mme Butina mais a indiqué dans un document de justice cette semaine qu’elle allait retourner en Russie.  

Les médias russes ont également précisé qu’elle était attendue dans le pays dans les jours à venir.  

Interviewée depuis sa prison par la radio NPR, la trentenaire a dit qu’étudiante en politique à l’American University, elle n’avait cherché qu’à s’impliquer dans une « diplomatie civile ».  

« Je n’ai jamais caché mon amour pour ma mère patrie ni pour ce pays […] j’aime les deux pays et je construisais la paix. »

La justice américaine avait estimé que, malgré l’absence de liens entre l’accusée et les services de renseignement russes, elle faisait partie d’un complot du Kremlin visant à infiltrer et perturber le système politique américain, notamment lors de l’élection de 2016 qui a vu la victoire de Donald Trump.