(St. Louis) Le taux d’homicides parmi les enfants de la ville de St. Louis, au Missouri, est dix fois supérieur au taux national, montre une analyse des données de la police fédérale américaine (FBI).

Le St. Louis Post-Dispatch rapporte vendredi que le taux d’homicides des enfants à St. Louis est beaucoup plus élevé que celui d’autres villes de taille similaire ; il est quatre fois celui d’Indianapolis et de Kansas City (Missouri), le triple de celui de Milwaukee et le double de celui de Baltimore.

Seulement cette année, douze enfants âgés de 17 ans ou moins ont été tués à St. Louis.

L’analyse révèle que 584 mineurs ont été tués dans la ville depuis 1990 et que 418 d’entre eux se trouvaient dans les quartiers du nord de St. Louis, à forte prédominance afro-américaine.

Emma Harrington connaît trop bien la douleur de perdre un enfant. Deux enfants dont elle avait la charge sont morts par balle.

La maison de Mme Harrington était pleine d’enfants en 1991, alors que deux de ses filles et leurs six enfants vivaient avec elle. L’un des petits-enfants était Aaron, 7 ans, un élève de deuxième année qui réussissait bien à l’école.

En octobre 1991, Aaron jouait avec quatre autres enfants dans le salon lorsqu’un coup de feu a été tiré vers la maison. Aaron a été touché droit au cœur.

« Je me suis fait tirer dessus ! Je me suis fait tirer dessus ! » a crié le petit garçon. Il s’est rapidement effondré. Il était déjà mort lorsqu’il a été transporté à l’hôpital.

Trois personnes ont rapidement été arrêtées. Un jeune homme de 17 ans a plaidé coupable de meurtre au deuxième degré et a été condamné à 20 ans de prison. Un jeune de 15 ans soupçonné par la police d’avoir tiré le coup fatal a été acquitté au procès. Les procureurs ont classé le dossier du troisième suspect, âgé de 16 ans.

Des témoins ont déclaré aux détectives que les coups de feu avaient été tirés dans le cadre d’une guerre de gangs.

Mme Harrington a pensé à déménager après la mort d’Aaron, mais elle n’en a jamais vraiment eu l’occasion.

« Où est-ce que j’irais ? Quand tu es pauvre, tu ne vas nulle part », a-t-elle expliqué.

Quelques années après la mort d’Aaron, Mme Harrington avait à sa charge dix enfants — neuf petits-enfants ainsi que Derrion Williams, l’enfant d’une amie de sa fille né alors que sa mère était en prison. Mme Harrington ne voulait pas que l’enfant finisse dans une famille d’accueil ; elle l’a donc recueilli cinq heures après sa naissance et l’a pris sous son aile.

En septembre 2008, à l’âge de 16 ans, Derrion était dans une voiture avec deux autres adolescents lorsqu’une autre voiture s’est arrêtée à côté d’eux dans une station-service. Quelqu’un a sorti une arme et l’a abattu. Il était l’un des 16 enfants et adolescents tués à St. Louis cette année-là.

La mort des enfants « nous a détruits », affirme Mme Harrington. « Quelque chose comme ça détruit une famille sur toute la ligne. »