(Washington) Les démocrates du Congrès chargés d’enquêter dans le cadre de la procédure de destitution contre Donald Trump ont donné un nouveau coup d’accélérateur en menaçant de forcer la Maison-Blanche à leur fournir des documents liés à l’affaire ukrainienne.

Le président américain se voit reprocher d’avoir demandé à son homologue ukrainien de collecter d’éventuels éléments défavorables à l’ancien vice-président démocrate Joe Biden, qui pourrait le défier à la présidentielle 2020.

Les élus adresseront formellement à l’exécutif une injonction à livrer ces documents vendredi, si la Maison-Blanche ne s’y plie pas volontairement d’ici là.

«Tout acte de ce type, qui nous forcerait à avoir recours en justice ou à l’envisager» afin d’obtenir des documents ou des témoignages «sera considéré comme de nouvelles preuves d’entrave à la justice», a prévenu le président démocrate de la puissante commission du Renseignement de la Chambre des représentants, Adam Schiff.  

Ceci viendrait alimenter le dossier à charge contre le président républicain au Congrès, a-t-il souligné, rappelant que l’entrave à la justice avait été l’un des trois motifs de destitution retenus à l’encontre du président Richard Nixon en 1974, avant sa démission.  

«On ne plaisante pas ici. Nous ne voulons pas que cela traîne pendant des mois et des mois, comme cela semble être la stratégie du gouvernement», a-t-il ajouté en conférence de presse.  

Dénonçant le «mépris flagrant de la Maison-Blanche face à de nombreuses demandes de livrer volontairement des documents», les chefs démocrates des commissions des Affaires étrangères, du Renseignement et de supervision de l’exécutif avaient expliqué plus tôt qu’ils estimaient n’avoir «pas d’autres choix que de délivrer cette injonction».  

«Incitation à la violence»

Les démocrates ont ouvert le 24 septembre une enquête contre le milliardaire républicain en vue d’une destitution.

L’affaire ukrainienne a explosé au grand jour à la suite du rapport d’un mystérieux lanceur d’alerte, membre des services de renseignement.  

Pour Adam Schiff, la volonté déclarée de Donald Trump de rencontrer cet agent et ses tweets mettant en doute sa crédibilité représentent «une tentative flagrante d’intimider des témoins. C’est une incitation à la violence».  

«Lors de cet appel téléphonique, le président a mis en péril notre sécurité nationale», a accusé la présidente démocrate de la Chambre, Nancy Pelosi, aux côtés d’Adam Schiff.  

Donald Trump dément avoir exercé une pression.  

Dans une escalade verbale, il a dénoncé mardi soir un «coup d’État» mené par les démocrates puis les a accusés mercredi de perdre leur temps avec des «conneries», traitant au passage Adam Schiff de «misérable».  

Rare dans l’Histoire américaine, cette procédure secoue déjà la campagne électorale pour la présidentielle de novembre 2020, lorsque Donald Trump tentera de décrocher un second mandat.

Si la Chambre, contrôlée par les démocrates, vote la mise en accusation (impeachment) du milliardaire, il reviendra ensuite au Sénat, à majorité républicaine, de le juger.