(Washington) « Fox, ce n’est clairement plus ce que c’était », s’est récemment indigné Donald Trump, dans un tacle visant sa chaîne longtemps préférée, et qui le lui a bien rendu.  

Après des années d’idylle, le président américain semble en proie au désamour, tournant son regard vers un canal plus jeune et plus à droite : One America News Network (OANN).

Cette petite chaîne n’a été lancée qu’en 2013 par un millionnaire du secteur technologique, Robert Herring, qui cherchait à offrir une option plus conservatrice parmi les géants médiatiques.  

Depuis, OANN est parvenue à s’attirer les faveurs de Donald Trump, qui l’a encore couverte d’éloges la semaine dernière en épinglant, d’un même tweet, Fox et sa bête noire CNN.

« Regarder les infos bidon de CNN, c’est finalement mieux que regarder Shepard Smith, l’émission aux plus basses audiences de @FoxNews. D’ailleurs, dès que c’est possible, je mets @OANN », avait-il écrit sur son compte aux 63 millions d’abonnés, à propos de l’un des présentateurs vedettes de la chaîne.

Depuis mars, il a retweeté des articles d’OANN ou signalé qu’il appréciait la chaîne plus d’une dizaine de fois.  

A la grande joie de son fondateur : « La chaîne préférée du président », est-il écrit dans le tweet épinglé sur le profil Twitter de Robert Herring.  

Et lorsque Fox avait interrompu la retransmission d’une réunion de campagne de Donald Trump la semaine dernière, le patron d’OANN avait tweeté : « Nous n’interromprons jamais ! »

Merci, « c’est très bien »

Leur relation remonte à loin.  Dès 2015, M. Trump avait été interviewé par l’ancienne colistière de John McCain pour la présidentielle Sarah Palin, qui co-présentait l’une des émissions, « On Point ».  

Puis à sa première conférence de presse comme président, en janvier 2017, il avait donné un tour de questions à OANN, choisie ensuite, parmi des médias beaucoup plus renommés, des dizaines de fois lors des conférences de presse quotidiennes de ses porte-parole pendant ses 100 premiers jours au pouvoir.  

Et lors de sa conférence de presse après un sommet historique avec le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un, Donald Trump avait publiquement salué le travail de la chaîne en donnant la parole à sa correspondante à la Maison-Blanche, Emerald Robinson.  

« Merci pour la gentille façon dont vous nous traitez. Nous l’apprécions », avait-il déclaré. « Vraiment, c’est très bien. C’est très beau ce que vous faites ».  

Basée à San Diego, en Californie, OANN ne se soumet pas aux mesures d’audience du cabinet Nielsen, qui font référence dans le secteur.

Si elle se définit comme une chaîne d’« infos pures, sans opinion », son biais pro-Trump est évident, avaient confié en 2017 au Washington Post plus d’une dizaine d’employés et ex-collaborateurs.  

Accusée de relayer des théories du complot, OANN a également tendance à donner un ton « anti-musulmans, anti-immigrés et anti-avortement à ses reportages », estime Media Matters, un observatoire des médias marqué à gauche.  

Mal traité

Malgré ses critiques, Donald Trump ne s’est pas encore tout à fait détaché de Fox, dont il suit fidèlement l’émission du matin « Fox & Friends », à laquelle il n’est pas rare qu’il participe, par téléphone ou interview improvisée devant la Maison-Blanche.  

Souvent lorsqu’il surprend en évoquant des sujets au débotté, l’émission en a parlé dans la matinée.  

Certains liens sont solides : l’un des grands noms de Fox, Sean Hannity, était intervenu en même temps que Donald Trump lors d’une réunion de campagne pour les élections de mi-mandat de 2018.  

Mais à l’approche de la présidentielle, Donald Trump s’est agacé publiquement des rencontres télévisées avec les électeurs organisées par Fox pour plusieurs candidats démocrates qui espèrent le défier en novembre 2020.  

« Dur de croire que @FoxNews gâche du temps d’antenne pour » Pete Buttigieg, le jeune maire de South Bend, dans l’Indiana, cinquième dans les sondages pour la primaire démocrate, avait-il tweeté en mai. « Fox va de plus en plus vers le côté perdant (mauvais) en couvrant les démocrates ».  

Les sondages menés par Fox News pour la présidentielle ont aussi le don de l’énerver. Le républicain a vu son taux de popularité baisser à 43 % à la mi-août, le même sondage le donnant perdant dans d’éventuels duels avec les principaux candidats démocrates.

Fin juillet, il avait tonné : les sondages de Fox « m’ont toujours très mal traité ».