(Washington) La chef des démocrates américains à la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, s’est défendue vendredi de vouloir freiner le lancement, avant l’élection présidentielle de 2020, d’une procédure de destitution de Donald Trump, demandée par des parlementaires de son parti.

« Non, je n’essaye pas de jouer la montre », a affirmé à la presse la présidente de la chambre basse, où les démocrates sont majoritaires. Elle a lié son feu vert à deux conditions : qu’on lui apporte des preuves accablantes sur les soupçons d’entrave à la justice qui pèsent sur le président, et que l’opinion publique approuve la procédure de destitution.

« Nous nous lancerons quand nous aurons de quoi nous lancer, pas un jour plus tôt », a-t-elle déclaré au dernier jour de la session parlementaire avant l’été.

« Je veux bien prendre des coups en disant que la décision sera prise en temps voulu », a affirmé Mme Pelosi.

AP

Robert Mueller lors de son témoignage mercredi.

Entendu pendant sept heures mercredi au Congrès sur son enquête concernant l’ingérence de la Russie dans la présidentielle de 2016, l’ex-procureur spécial Robert Mueller a souligné qu’il n’avait pas pu prouver une quelconque entente entre Moscou et l’entourage du candidat républicain.  

Il a toutefois rappelé une série de pressions exercées sur l’enquête par le président qui pourrait constituer un délit d’entrave à la justice.

M. Trump bénéficiant de l’immunité présidentielle, il ne peut être poursuivi que par le Congrès, a conclu Robert Mueller. Mais une procédure de destitution est vouée à l’échec au Sénat, qui a le dernier mot et où les républicains ont la majorité.

« Nous franchissons un cap »

Certains démocrates estiment que le temps est compté pour le lancement de cette procédure, alors que la campagne pour la présidentielle de 2020 commence.

Vendredi, le président de la commission judiciaire de la Chambre, le démocrate Jerry Nadler, a demandé à une juge d’approuver la communication au Congrès de documents secrets de l’enquête Mueller, notamment des témoignages de témoins.

« Puisque le ministère de la Justice ne permet pas de poursuivre un président en exercice, la Chambre des représentants est la seule institution de l’État fédéral qui peut demander des comptes au président Trump », a argué l’élu démocrate, qui a ensuite évoqué directement la possibilité d’une procédure de destitution.

« Nous franchissons un cap avec cette motion », a dit l’élue Veronica Escobar. « Nous entrons officiellement dans l’examen de la question de savoir s’il faut recommander ou non des articles de destitution ».

Les divisions démocrates sont apparues au grand jour la semaine dernière, lorsqu’une motion en faveur d’une destitution a été écartée à la Chambre, mais non sans le vote positif de près d’une centaine de démocrates sur 235.

Si la prestation de Robert Mueller s’est avérée terne et à la limite contre-productive selon certains, son témoignage sur les soupçons de collusion entre l’équipe Trump et la Russie a été diffusé à une large audience.

Les démocrates espèrent ainsi pouvoir gagner le soutien de la population, qui reste majoritairement défavorable à la destitution.

« Leurs appels à la destitution me donnent un moyen de pression » sur les républicains, a souligné Mme Pelosi.