(Washington) Les organisatrices d’un festival prévu début août à Detroit, au Michigan, ont renoncé à faire payer les billets plus cher aux Blancs qu’aux Noirs par mesure «d’équité», après avoir reçu des menaces et provoqué une controverse.

L’AfroFuture Fest avait mis en vente ses places à 20 dollars pour les «personnes de couleur» et à 40 dollars pour les autres.

Cette différence de prix était censée «fournir aux communautés les plus marginalisées (les personnes de couleur) une chance équitable d’assister aux évènements dans leur propre communauté (le Detroit noir)», expliquaient les organisatrices dans leur foire aux questions.

«À Detroit et dans d’autres villes où habitent de nombreuses personnes de couleur, il arrive constamment que des gens hors de la communauté profitent le plus des billets pas chers à cause de leurs facilités financières», ajoutaient-elles.

«Les prix des billets ne sont pas faits pour laisser les Blancs dehors», assurait au quotidien local Detroit Metro Times la co-organisatrice, Francesca Lamarre.  

La décision a fait le tour de la Toile, s’attirant des messages de condamnation, et plus rarement de soutiens. 

Tiny Jag

L’une des chanteuses invitées, la rappeuse originaire de Detroit Tiny Jag, a annoncé sur Twitter son refus de participer, affirmant que cette politique de double prix «ne reflét (ait) pas (ses) opinions».

Une spécialiste des questions de discrimination a également indiqué au New York Times que cette politique pouvait violer le 14e amendement de la Constitution des États-Unis qui protège l’égalité raciale.

«Beaucoup de Blancs nous ont dit qu’ils ne voyaient pas de problème à payer plus cher», a affirmé au grand quotidien l’autre co-organisatrice, Adrienne Ayers.

Celle-ci a toutefois annoncé dimanche soir sur Twitter l’abandon de cette double billetterie à la suite de «menaces de la part de suprémacistes blancs» et «de commentaires racistes».  

À la place, les spectateurs blancs peuvent faire un «don» lors de l’achat de leur billet «comme reconnaissance de l’injustice historique» dont est victime la communauté afro-américaine.

La question des inégalités sociales et raciales est sensible aux États-Unis, encore marqués par un racisme latent envers les Noirs américains (13,4% de la population).

Le 19 juin, pour commémorer la fin officielle de l’esclavage, l’auteur Ta-Nehisi Coates avait rappelé devant le Congrès que «la famille typique noire dans ce pays» disposait «d’un dixième de la richesse d’une famille typique blanche».