(Washington) Donald Trump a employé mercredi ses prérogatives présidentielles pour bloquer la remise au Congrès de documents concernant un point controversé du prochain recensement de la population des États-Unis, ouvrant un nouveau front avec les démocrates qui ont ouvert une rare procédure de défiance contre deux ministres.  

Ce refus de livrer les documents « entre clairement dans le cadre de la stratégie, menée par le président, d’entraver les enquêtes parlementaires et cela force à se demander : qu’est-ce que l’on cache d’autre aux Américains ? », s’est indigné le président démocrate de la commission d’enquête de la Chambre des représentants, Elijah Cummings.

Avec le soutien d’un seul républicain et de tous ses membres démocrates, sa commission a voté l’ouverture d’une procédure visant à déclarer les ministres de la Justice, Bill Barr, et du Commerce, Wilbur Ross, coupables d’entrave au bon fonctionnement du Congrès pour avoir refusé de répondre à leurs injonctions.

Aucune date n’a été fixée pour un vote final en séance plénière sur cette procédure.  

AP

Elijah Cummings

Ce bras de fer escaladera probablement vers une nouvelle bataille juridique. Les démocrates se sont justement offert mardi un processus simplifié pour faire valoir auprès des tribunaux leurs pouvoirs d’injonction face à l’administration Trump.  

Le ministère de la Justice a regretté un vote « illogique », affirmant avoir coopéré « de bonne foi » avec la commission, notamment en lui fournissant 17 000 pages de documents.  

Le ministre du Commerce Ross a lui dénoncé des « attaques hebdomadaires honteuses » contre l’administration de la part des démocrates qui ne se « soucient pas de la vérité ».  

Les démocrates sont majoritaires à la Chambre et disposent à ce titre de vastes pouvoirs d’investigation, qui leur permettent d’exiger certains documents et de convoquer des témoins.  

Enquête russe, impôts du milliardaire, politiques de la Maison-Blanche : l’opposition a donc lancé depuis janvier de multiples enquêtes parlementaires visant Donald Trump.

La commission judiciaire de la Chambre, également contrôlée par les démocrates, avait déjà lancé en mai une même procédure contre Bill Barr pour le déclarer coupable d’entrave à la bonne marche du Congrès, cette fois dans le cadre de l’enquête russe. Il n’y a pas encore eu de vote final en séance plénière.  

Sur le recensement prévu en 2020, c’est la réintroduction par l’administration Trump, après plus de 60 ans, d’une question sur la nationalité qui indigne les démocrates.  

Ils estiment qu’elle vise à intimider les migrants, afin qu’ils répondent en moins grand nombre par crainte d’être ennuyés sur leur statut.

Pour le président Trump, elle est « essentielle » pour obtenir une image juste du pays. « Il est complètement ridicule d’imaginer que nous ayons un recensement sans demander cela », a-t-il encore commenté mercredi.  

Les enjeux sont énormes : le recensement conditionne l’octroi de 675 milliards de dollars de subventions fédérales et le nombre de sièges alloués à chaque État à la Chambre des représentants.

Le président républicain mise désormais sur une décision de la Cour suprême pour pouvoir utiliser son formulaire dès 2020.