(New York) Le chef de la police de New York s’est pour la première fois jeudi excusé pour les violences policières contre la communauté homosexuelle lors des émeutes de Stonewall en 1969, mea culpa salué par la communauté gay à l’approche du 50e anniversaire de ces évènements emblématiques pour les droits homosexuels.

« Ce qui s’est passé n’aurait pas dû se passer, les actions du NYPD ont été une erreur, c’est aussi simple que ça », a déclaré le chef de la police, James O’Neill.

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Le chef de la police de New York, James O’Neill

« Les actions et les lois étaient discriminatoires et tyranniques et, pour cela, je m’excuse », a-t-il ajouté lors d’une conférence de presse consacrée aux mesures de sécurité entourant les nombreux évènements organisés d’ici fin juin pour cet anniversaire.

Ses excuses inédites ont été suivies de longs applaudissements, puis abondamment saluées par les défenseurs des droits homosexuels sur les réseaux sociaux.

En 2017, M. O’Neill estimait encore, comme son prédécesseur William Bratton, que des excuses n’étaient pas nécessaires.

Pression

Mais la pression était montée ces derniers jours. Les organisateurs de la fierté gaie new-yorkaise et le numéro deux du conseil municipal Corey Johnson, lui-même homosexuel, avaient appelé à nouveau la police à présenter des excuses.

Cela « serait une très, très bonne chose », « un pas important vers la guérison et la réconciliation », avait déclaré mercredi cet élu sur une radio new-yorkaise.

Jeudi, Corey Johnson a remercié M. O’Neill. « Stonewall est le premier endroit que je suis allé voir en arrivant à New York quand j’avais 18 ans », a-t-il tweeté. « Nous sommes reconnaissants pour ces excuses […] C’est merveilleux à entendre pendant (le mois des Gay) Pride ».  

Le 28 juin 1969, des membres de la communauté homosexuelle manifestaient contre une descente de police au Stonewall Inn, un bar gai connu du quartier de Greenwich Village.  

Excédées par des descentes policières à répétition contre leurs lieux de rencontre, au prétexte de violation des lois sur les ventes d’alcool, des centaines de personnes se rassemblèrent devant le bar et jetèrent des objets hétéroclites sur les policiers, aux cris de « Gay Power ».  

Des renforts de police furent appelés et une dizaine de personnes arrêtées, marquant le début d’une semaine d’émeutes mais aussi la naissance d’un grand mouvement de lutte pour les droits homosexuels.

Un an après, le 28 juin 1970, plusieurs associations nées dans la foulée des émeutes, comme le Gay Liberation Front, organisaient une manifestation de commémoration devant le Stonewall Inn, sur Christopher Street : la première Gay Pride était née.  

Monuments LGBT

Une série de manifestations et d’évènements culturels sont prévus à New York ce mois-ci pour marquer en grande pompe cet anniversaire, qui doivent culminer le 30 juin avec la WorldPride, plus grand rassemblement LGBTQ au monde pour lequel trois millions de visiteurs sont attendus.

La mairie démocrate de la première métropole américaine entend à cette occasion montrer qu’elle est toujours pionnière dans la reconnaissance des droits homosexuels.  

Après avoir annoncé fin mai la création d’un monument en honneur à deux femmes transgenres, héroïnes de la lutte pour les droits de la communauté LGBTQ, la municipalité travaille à désigner comme monuments historiques certains lieux « significatifs » dans l’histoire de la communauté homosexuelle, dont l’ancienne maison de l’écrivain James Baldwin (1924-1987), ou le « Caffe Cino », qui fut le premier « théâtre gay » new-yorkais, situé à Greenwich Village.

En juin 2016, le Stonewall Inn fut lui désigné « monument national » par Barack Obama, premier monument national aux droits LGBT.  

Un site internet, Stonewall Forever, vient d’être lancé, rempli de photos, de lettres et témoignages vocaux, qui invite ses visiteurs à mettre en ligne leurs propres témoignages.