(Sunland Park) Un ancien militaire américain a lancé la construction de la première portion d’un mur privé le long de la frontière entre les États-Unis et le Mexique, utilisant de l’argent collecté en ligne auprès des partisans de Donald Trump.

« C’est une manière à l’américaine de dire “Congrès, vous ne servez à rien et nous nous battons pour ça. Nous allons construire [le mur] nous-mêmes” », lance Jeff Allen, copropriétaire du terrain où le mur privé est mis sur pied.

Casquette rouge Make America Great Again vissée sur la tête, déterminé à aider le président américain à honorer sa promesse de bâtir un « grand, magnifique mur » à la frontière, M. Allen a supervisé le week-end dernier, avec fierté, le début des travaux.

« Ce n’est pas l’Europe. C’est l’Amérique. Nous protégeons nos frontières », déclare Jeff Allen pendant que des ouvriers s’activent pour mettre en place des morceaux de la palissade sur ses terres de la ville de Sunland Park, près de la ville mexicaine de Ciudad Juarez.

Dans son entreprise, l’homme, âgé de 56 ans, est accompagné par des membres des United Constitutional Patriots (UCP), une petite milice armée dont le chef avait été arrêté le mois dernier pour port d’arme prohibé. L’UCP s’est donné comme mission de patrouiller à la frontière jusqu’à ce que le mur promis par Donald Trump soit achevé.        

AFP

Steve Bannon photographié lundi à Paris.

La construction de ce mur privé est financée par la société We Build The Wall, affirme Jeff Allen. Cette compagnie a été lancée par Brian Kolfage, ancien combattant amputé de trois membres, afin d’aider M. Trump à ériger son mur.  

L’ancien sulfureux conseiller de Donald Trump, le stratège d’extrême droite Steve Bannon, en préside le comité consultatif.  

22 millions de dollars

Plus de 22 millions de dollars ont déjà été versés par les internautes via une plateforme de financement participatif. (L'objectif affiché se situe cependant à 1 milliard de dollars US.)

Brian Kolfage a célébré la nouvelle lundi en publiant une vidéo de la construction du mur.  

« Nous l’avons fait », a-t-il commenté, en lettres majuscules. « Le premier mur (construit) avec des fonds privés est bientôt fini! », appelant à faire un don « pour financer plus de murs ».      

AP

Brian Kolfage et sa femme Ashley dans leur résidence de Tucson, en Arizona, en février 2012.

Ces barrières ont été installées non loin de la ville d’El Paso, au Texas. Selon les autorités, 98 052 migrants ont été appréhendés entre octobre à avril dans le secteur de cette ville frontalière de Ciudad Juarez.

Le locataire de la Maison-Blanche n’a pas réussi à pousser le Congrès à allouer les milliards de dollars souhaités pour achever le mur à la frontière mexicaine, promesse-phare de sa campagne, bras de fer qui avait conduit en début d’année à la plus longue paralysie des administrations fédérales de l’histoire, pendant plus d’un mois.

Il a ensuite déclaré l’« urgence nationale », qui permet de réallouer à son projet des fonds fédéraux déjà validés. Mais un juge fédéral de Californie a provisoirement bloqué cette procédure vendredi.

La nouvelle barrière privée mesure 800 mètres de long et répond aux mêmes critères que les clôtures frontalières érigées par le gouvernement, selon M. Allen.

Le cinquantenaire assure qu’il n’a rien contre les migrants. Il est marié à une Mexicaine et sa fille est née à Ciudad Juarez, où il a vécu pendant trois ans et demi.  

« Ce n'est pas du racisme. C’est pour me protéger moi-même et pour que l’Amérique ait une frontière sûre. Si les gens veulent immigrer, ils doivent aller vers un point d’entrée » légal, poursuit-il.

Il a en revanche refusé de divulguer le coût de ce mur.