(Washington) Les autorités américaines ont annoncé jeudi soir des sanctions contre cinq Russes accusés de violations des droits de la personne, y compris l’assassinat de l’opposant Boris Nemtsov et « la torture et les meurtres » de personnes LGBT en Tchétchénie.

Ces mesures interviennent quelques jours après la rencontre entre le président russe Vladimir Poutine et le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo à Sotchi, dans le sud de la Russie, durant laquelle les deux puissances semblaient avoir cherché des terrains d’entente.   

Le département d’État américain a pris des mesures contre cinq individus et une entité lors de la remise de son rapport annuel exigé par le Congrès sur la loi dite « Magnitski », qui interdit l’entrée sur le sol américain et gèle les avoirs aux États-Unis des individus et entités accusés d’enfreindre les droits de la personne.

Cette loi a été instaurée après la mort d’un avocat russe, Sergueï Magnitski, décédé en détention en Russie en 2009.

Selon ce communiqué de la diplomatie américaine, ces individus sont « responsables de récentes violations gravement notoires des droits de la personne, y compris le meurtre extrajudiciaire du leader de l’opposition russe Boris Nemtsov et la torture et les meurtres extrajudiciaires de personnes LGBT dans la République tchétchène ».  

Boris Nemtsov, qui jouait un rôle important dans l’opposition à Vladimir Poutine et avait été vice-premier ministre à l’époque du président Boris Eltsine, a été abattu de quatre balles tirées à bout portant sur un pont à deux pas du Kremlin en 2015.

« D’une manière ou d’une autre, nous allons adopter le principe de réciprocité », a réagi vendredi auprès des journalistes le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, précisant que « tout sera fait seulement en accord avec les intérêts nationaux ».

« Ces décisions non constructives vont clairement à l’encontre des perspectives positives des récentes discussions russo-américaines à Sotchi », a indiqué l’ambassade de Russie aux États-Unis.

Parmi les individus visés par les sanctions figure Rouslan Gueremeïev, un responsable tchétchène proche de Ramzan Kadyrov, le dirigeant autoritaire de cette petite république russe. M. Gueremeïev a fait face à des accusations pour son implication dans le meurtre de M. Nemtsov.

Sur son compte Telegram, M. Kadyrov a vu dans ces sanctions, qui visent aussi une unité d’intervention de la police tchétchène, « la preuve évidente que les États-Unis ont peur de nous ».

Les autorités américaines accusent également deux de ces individus - Guennadi Karlov et Elena Trikoulia - d’avoir dissimulé des faits sur la mort et la détention de Sergueï Magnitsky.

« Près de 10 ans après sa mort, nous restons préoccupés par l’impunité pour cela et les autres crimes violents contre des militants, des journalistes, des lanceurs d’alerte et l’opposition politique », a écrit dans ce communiqué la porte-parole du département d’État, Morgan Ortagus.

Elle a aussi fait part « d’une atmosphère intense d’intimidation pour ceux qui travaillent à révéler la corruption ou les violations des droits de la personne dans la Fédération de Russie ».