Le président américain Donald Trump a annoncé dimanche le remplacement par intérim du ministre de la Défense Jim Mattis dès le 1er janvier par son adjoint Patrick Shanahan, avançant le départ de ce général respecté avec lequel il avait d'importantes divergences, notamment sur le retrait de Syrie.

Jim Mattis, 68 ans, avait dit qu'il partirait fin février pour permettre une transition fluide avec son successeur, mais Donald Trump, qui aurait mal pris la couverture médiatique de la lettre de résignation du général, très critique à son endroit, a avancé le calendrier.

« J'ai le plaisir d'annoncer que notre très talentueux ministre adjoint de la Défense Patrick Shanahan, assumera le titre de ministre de la Défense par intérim à partir du 1er janvier 2019 », a tweeté M. Trump. « Patrick a une longue liste de réussites en tant qu'adjoint et auparavant chez Boeing. Il sera fantastique ! »

Dans un premier temps, M. trump avait salué le travail de Jim Mattis dans le tweet annonçant son départ, affirmant qu'il se retirait « avec les honneurs » et que « durant le ministère de Jim, de grands progrès avaient été accomplis ».

Changement de ton deux jours plus tard : M. Trump écrit sur Twitter qu'il a donné une « seconde chance » au général, congédié « sans gloire » par le président Barack Obama, et prend pour cible une phrase de la lettre de démission sur  la nécessité pour les États-Unis de « traiter les alliés avec respect ».

« Les alliés sont très importants, mais pas quand ils profitent des États-Unis », a cinglé le président américain.

Ex de Boeing

M. Mattis a présenté jeudi sa démission, qui devait initialement être effective fin février, au lendemain de l'annonce par M. Trump du retrait le plus vite possible des 2000 soldats américains stationnés en Syrie, estimant que le groupe État islamique (EI) était vaincu. Le même jour, il indiquait que la préparation d'un désengagement partiel d'Afghanistan était lancée.

Ces décisions ont pris par surprise les alliés des États-Unis, et celui qui était ministre de la Défense depuis l'arrivée du milliardaire à la Maison-Blanche en janvier 2017 a affiché ouvertement jeudi son désaccord avec la nouvelle stratégie de l'administration américaine.

A plusieurs reprises, cet ex-général des Marines âgé de 68 ans avait mis en garde contre un départ précipité de Syrie, au risque de « laisser un vide qui puisse être exploité par le régime Assad ou ses soutiens ».

Le départ de Jim Mattis a été suivi vendredi par celui de l'émissaire des États-Unis pour la coalition internationale antidjihadistes Brett McGurk. Selon plusieurs médias américains, il avait décidé de quitter son poste en février mais il a avancé cette échéance après les derniers rebondissements.

Selon le courriel annonçant sa démission à ses collègues, que le New York Times s'est procuré, Brett McGurk a qualifié la décision présidentielle de « choc » et de « renversement complet par rapport à la politique qui nous avait été présentée ».

Le retrait de Syrie « a laissé nos partenaires de la coalition troublés et nos partenaires dans les combats désemparés », a-t-il écrit. « Je me suis employé cette semaine à essayer de gérer certaines retombées [...] mais finalement j'ai conclu que je ne pouvais appliquer ces nouvelles instructions et maintenir mon intégrité ».

Le successeur de Jim Mattis, Patrick Shanahan, n'a jamais servi dans l'armée et a effectué la majeure partie de sa carrière dans le privé.

Il occupe le poste d'adjoint au Pentagone depuis juillet 2017. Auparavant, il a passé une trentaine d'années chez Boeing, dont il a été vice-président du constructeur aéronautique américain Boeing, chargé de la logistique et des opérations, mais aussi vice-président et directeur général de Boeing Missile Defense Systems.

Photo DARRYL DYCK, archives La Presse canadienne

Patrick Shanahan