Les États-Unis ont imposé mercredi une nouvelle série de sanctions contre 15 agents du renseignement militaire russe (GRU) accusés d'« activités néfastes » allant de l'ingérence dans la présidentielle américaine de 2016 au piratage de l'Agence mondiale antidopage.

Deux de ces agents sont également accusés d'être responsables de l'empoisonnement de l'ex-agent double russe Sergueï Skripal et de sa fille Ioulia, début mars à Salisbury, dans le sud de l'Angleterre, selon un communiqué du ministère américain du Trésor.

Ces mesures ont été prises dans le cadre de la Loi sur les sanctions pour lutter contre les adversaires de l'Amérique. Elles comprennent le gel des avoirs aux États-Unis des personnes visées et interdisent les transactions avec des citoyens américains.

« Les États-Unis continueront à travailler avec leurs alliés et leurs partenaires pour décourager et empêcher collectivement les activités néfastes de la Russie, de ses affiliés et leurs agences de renseignement », a affirmé dans le communiqué le secrétaire au Trésor Steven Mnuchin.   

En revanche, le ministère a annoncé la prochaine levée des sanctions économiques imposées aux entreprises russes Rusal, En+ et Eurosibenergo après qu'elles ont coupé les ponts avec le milliardaire russe Oleg Deripaska.  

Celui-ci avait été placé sur une liste noire avec d'autres oligarques proches du Kremlin pour les « attaques » de Moscou contre « les démocraties occidentales ».

Parmi les 15 agents du GRU sanctionnés mercredi, neuf ont déjà été inculpés en octobre aux États-Unis par le procureur spécial Robert Mueller qui enquête sur une éventuelle collusion entre l'équipe de campagne de Donald Trump et la Russie pour favoriser la victoire du candidat républicain.

L'annonce de ces nouvelles sanctions intervient deux jours après la publication de deux rapports parlementaires américains affirmant que la Russie a mené une campagne de propagande de grande envergure sur les réseaux sociaux avant l'élection de 2016, ce que Moscou dément.

Élections au Monténégro

Le Kremlin aurait utilisé l'Internet Research Agency (IRA), considérée par la justice américaine comme une « ferme à trolls », pour inonder les réseaux sociaux de messages sur des sujets polémiques (armes, immigration, religion...) pendant la campagne. Les dirigeants de l'IRA sont déjà la cible de sanctions américaines.

Le ministère du Trésor a aussi visé mercredi deux ressortissants russes accusés d'avoir organisé et financé une autre campagne de propagande sur les réseaux sociaux, pour semer la discorde dans le système politique américain avant les élections parlementaires de novembre.

Les sanctions visent également le piratage informatique d'organisations internationales comme l'Agence mondiale antidopage (AMA), qui avait subi les attaques du GRU à l'été 2016 après avoir dénoncé un système de dopage généralisé des athlètes russes organisé par le Kremlin entre 2011 et 2015.

Elles ont également été prises pour répondre à une tentative, déjouée, de piratage de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques à La Haye, quand l'organisme enquêtait sur l'empoisonnement des Skripal par du Novitchok, un agent innervant hautement toxique.

Quatre agents sont par ailleurs poursuivis par la justice américaine pour ces différents piratages.

La liste des nouvelles sanctions inclut aussi un ancien officier du GRU, Victor Boyarkine, lié au milliardaire Oleg Deripaska.

Les deux hommes auraient « été impliqués dans la fourniture d'un soutien financier russe à un parti politique monténégrin avant les élections au Monténégro en 2016 », affirme le Trésor américain.

Selon le gouvernement monténégrin, des militants prorusses avaient fomenté un coup d'État avant les élections législatives d'octobre 2016 pour faire dérailler le projet d'adhésion du pays balkanique à l'OTAN.