Donald Trump a riposté jeudi aux accusations de la justice qui se font de plus en plus menaçantes, en affirmant dans une série de tweets n'avoir « jamais demandé » à son ex-avocat Michael Cohen d'enfreindre la loi.

Un tribunal fédéral de New York a condamné mercredi l'ancien avocat et homme de confiance du milliardaire républicain à 3 ans de prison.

Les procureurs ont estimé que M. Cohen, qui fit partie pendant 10 ans du cercle rapproché du magnat de l'immobilier avant de se retourner contre lui, avait violé la loi sur le financement des campagnes électorales et qu'il avait agi « sous la direction » de Donald Trump.

« Je pensais que c'était mon devoir de couvrir ses sales coups », a expliqué Michael Cohen devant le tribunal mercredi dans une violente diatribe contre le président américain.

« Il était un avocat et est censé connaître la loi », a répliqué jeudi Donald Trump. « Un avocat a une grande responsabilité lorsqu'une erreur est commise, c'est pour ça qu'ils sont payés », a-t-il insisté. Et d'ajouter que Michael Cohen avait « été reconnu coupable de plusieurs chefs d'accusation sans aucun lien » avec lui.

Lors d'une entrevue à la chaîne Fox News en milieu de journée, le président a tenu à se distancier encore un peu plus de celui qui, il y a encore quelques mois, se disait prêt à « prendre une balle » pour lui. « Il faisait plus des relations publiques que du droit » a-t-il déclaré, ajoutant que celui qu'on surnommait son « pitbull » avait intégré son équipe car « il se débrouillait à la télévision ».

L'avocat de 52 ans a notamment été condamné pour avoir organisé le paiement de 280 000 $ à deux maîtresses supposées du milliardaire républicain, afin d'acheter leur silence et ainsi d'« influencer l'élection » présidentielle de 2016.  

Pour la justice, ces versements faits à l'ancienne actrice pornographique Stormy Daniels et la playmate Karen McDougal constituent une violation des lois sur le financement des campagnes électorales.

« Mettre le président dans l'embarras »

Ce dossier est venu s'ajouter à l'enquête sur les ingérences russes dans la campagne de 2016 que mène le procureur spécial Robert Mueller et qui empoisonne déjà la présidence Trump.

Outre Michael Cohen, les procureurs ont fait savoir qu'ils avaient obtenu la collaboration de l'éditeur du journal à sensations National Enquirer.

Son éditeur, David Pecker, anciennement proche de Donald Trump, a participé avec Michael Cohen au montage qui a permis de ne pas ébruiter le récit de la playmate Karen McDougal. Il en avait acquis l'exclusivité dans le but de l'étouffer.

« Je ne crois pas qu'on ait donné de l'argent à ce tabloïd », s'est défendu le président lors de l'entrevue à Fox News. « Il faut que je vérifie », a-t-il ajouté.

Michael Cohen a également reconnu avoir caché au fisc quelque 4 millions de dollars de revenus et avoir menti au Congrès sur ses contacts avec des Russes avant l'élection présidentielle, alors que la justice américaine enquête sur une possible collusion entre Moscou et l'équipe de campagne de Trump en 2016.

Les « informations vraies et pertinentes » qu'il a fournies sur l'enquête russe, selon les mots de l'équipe du procureur spécial, n'ont pas suffi à lui garantir la clémence de la justice de New York.

En plus de sa peine de prison, qu'il commencera à purger en mars prochain, Michael Cohen a été condamné à 100 000 $ d'amende.  

« Il a plaidé coupable de deux chefs d'accusation [...] qui ne relevaient pas du pénal, et dont il n'était probablement pas coupable au civil. Il a accepté ces chefs d'accusation pour mettre le président dans l'embarras et avoir une peine de prison plus légère », a tonné M. Trump sur Twitter jeudi matin.

Depuis que le président a été impliqué par son ancien avocat, les médias américains spéculent sur une éventuelle inculpation de Donald Trump dans cette affaire.

La plupart des juristes estiment qu'il bénéficie d'une immunité tant qu'il est à la Maison-Blanche, mais les procureurs new-yorkais continuent d'étayer leur dossier.

Certains élus démocrates ont également évoqué, pour l'instant avec une grande prudence, la question d'une procédure de destitution (impeachment) qui pourrait être lancée contre le président américain. Les démocrates seront majoritaires en janvier à la Chambre des représentants après leur victoire aux élections de novembre.