En 1949, une Américaine célibataire de 18 ans avait accouché seule dans un hôpital catholique, où les médecins lui avaient dit que son enfant était mort-né. En décembre, sa fille bien vivante l'a étreinte pour la première fois.

À partir d'un test ADN, Connie Moultroup, désormais âgée de 69 ans, a retrouvé sa mère Genevieve Purinton qui, à 88 ans, vit dans une maison de retraite à Tampa, en Floride.

«Je croyais que tu étais morte», a sangloté la vieille dame en la serrant dans ses bras. «Je ne suis pas morte», a répondu tout aussi émue sa fille, lors de retrouvailles filmées par la télévision locale.

Connie Moultroup avait toujours su qu'elle avait été adoptée et connaissait le nom de jeune fille de sa mère biologique.

À cinq ans, sa mère adoptive était morte et son père s'était remarié avec une femme qui l'a maltraitée. «Elle voulait retrouver sa mère pour qu'elle vienne la sauver», a raconté sa fille Bonnie Chase à CNN.

Pour Noël dernier, cette dernière lui a offert un kit de la société DNA Ancestry. Son profil génétique décrypté a été comparé à celui d'environ 10 millions d'Américains ayant utilisé les services de cette compagnie, leader d'un marché en plein essor.

Ces comparaisons lui ont permis d'identifier une cousine éloignée. «Je lui ai dit que ma mère s'appelait Geneviève Purinton et elle a répondu "C'est ma tante, elle est encore vivante"», a raconté Connie Moultroup. «Je n'arrivais pas à le croire».

Elle a alors écrit à la vieille dame pour lui donner ses coordonnées. Et a attendu.

Le 8 septembre, l'octogénaire l'a appelée et les deux femmes ont convenu de se rencontrer. Ce qu'elles ont fait le 3 décembre.

Genevieve Purinton a raconté à sa fille comment, en 1949, elle était tombée enceinte d'un homme marié et avait quitté le lycée dès que son ventre s'était arrondi.  

Elle avait accouché seule dans un hôpital de l'Indiana. «Quand j'ai demandé à voir mon bébé, ils m'ont dit qu'il était mort.»

Elle n'avait pas demandé de certificat de décès. «Qui à 18 ans penserait à ça ?», a-t-elle expliqué au New York Times. De même, elle a paraphé les documents d'adoption, mais elle assure n'avoir eu «aucune idée de ce qu'elle signait».

Genevieve Purinton s'était ensuite installée en Floride où elle a été infirmière pendant des années. Mais elle n'a pas eu d'autres enfants.

De 1945 à la légalisation de l'avortement en 1973, des milliers de jeunes Américaines ont été plus ou moins contraintes d'abandonner leurs nouveaux-nés par une société très intolérante envers les mères célibataires, selon l'auteure Ann Fessler qui a écrit un livre référence sur le sujet (The Girls Who Went Away).