Recherché : un bras droit pour le dirigeant le plus puissant du monde. Qualification principale : vouloir le poste. Doit également être prêt à tolérer des attaques régulières de la part du patron et d'éventuelles accusations en justice. Perspectives postérieures à l'emploi : incertaines.

Le président Donald Trump a du mal à se trouver un nouveau chef de cabinet après que son premier choix pour remplacer John Kelly s'est désisté à la dernière minute ; plusieurs autres successeurs potentiels ont fait savoir qu'ils n'étaient pas intéressés par le poste.

La liste des candidats comprendrait le responsable du budget Mick Mulvaney, le représentant républicain Mark Meadows et l'ancien gouverneur du New Jersey Chris Christie.

M. Trump a contesté mardi les informations voulant qu'il peine à trouver quelqu'un pour occuper ce poste.

« Les "fausses nouvelles" sont délibérément dans le tort, a-t-il écrit sur Twitter. Plusieurs personnes, plus de dix, se chamaillent et veulent le poste de chef de cabinet de la Maison-Blanche. Pourquoi quelqu'un ne voudrait-il pas l'un des emplois les plus intéressants et les plus significatifs à Washington. »

La conseillère de la Maison-Blanche Kellyanne Conway a déclaré mardi que M. Kelly resterait en poste « au moins » jusqu'au 2 janvier - plus longtemps que le délai initialement prévu par M. Trump lorsqu'il avait annoncé son départ samedi.

« Il y a des gens qui veulent le poste. Il y a des gens à l'étude. Et c'est une décision personnelle du président », a-t-elle déclaré à la presse.

M. Meadows a indiqué lundi qu'il n'avait pas discuté des responsabilités du poste avec le président, mais un républicain du Congrès a déclaré que M. Meadows avait annoncé à d'autres personnes qu'il voulait l'obtenir.

« Ce n'est pas une chose pour laquelle je milite », a dit M. Meadows lors d'une apparition sur Fox News, tout en ajoutant que « [sa] vie avait changé » lorsque le premier candidat choisi par M. Trump - Nick Ayers, actuel chef de cabinet du vice-président Mike Pence - a décidé de se retirer de la course.

Un revirement inattendu

En effet, même les principaux collaborateurs de la Maison-Blanche ont été abasourdis par la décision de M. Ayers. M. Trump, qui n'avait aucun candidat en réserve, sollicite maintenant des commentaires sur une longue liste de candidats et d'alliés, y compris l'ancien directeur adjoint de sa campagne présidentielle David Bossie, le procureur général par intérim Matthew Whitaker, voire le directeur des communications de la Maison-Blanche, Bill Shine, et la secrétaire de presse Sarah Huckabee Sanders. Plusieurs candidatures potentielles semblent farfelues, mais l'étendue de la liste témoigne de la nervosité que ressent l'entourage du président face à cette chasse aux candidats.

Dans une entrevue accordée mardi à Fox News, M. Bossie n'a pas nié son intérêt pour le poste, mais a déclaré qu'il serait « étonnant » qu'on le lui propose.

Cependant, dès que des noms font surface, d'autres disparaissent, ce qui met en lumière les défis de travailler pour un président colérique qui a reconnu qu'il aime s'entourer de chaos et méprise l'idée que quelqu'un puisse le gérer.

« Dans le meilleur des cas, c'est insupportable », a déclaré Chris Whipple, spécialiste des chefs de cabinet et auteur de The Gatekeepers, un livre sur le sujet. « C'est 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. C'est ingrat. Vous recevez tout le blâme et aucun mérite pour tout ce qui se passe. Et c'est dans le meilleur des cas. Nous ne sommes pas dans le meilleur des cas. »

L'administration Trump a établi des records de rotation du personnel, et le président a souvent eu du mal à attirer des professionnels politiques expérimentés, un défi qui devient encore plus difficile avec la menace imminente d'enquêtes démocrates et un climat politique incertain.

Le représentant américain au Commerce Robert Lighthizer, un candidat potentiel, a déclaré qu'il était « entièrement concentré » sur son poste actuel. Une personne proche du secrétaire au Trésor Steven Mnuchin, mais non autorisée à s'exprimer publiquement en son nom, a déclaré qu'il était lui aussi heureux dans son poste actuel.

Bien que certaines de ces réactions puissent être des prises de position stratégiques, il y a également de bonnes raisons pour tout chef de cabinet en devenir d'y penser à deux fois.

M. Trump a déjà « brûlé » deux chefs de cabinet - un ancien président du Comité national républicain (CNR) et un général quatre étoiles à la retraite des Marines - en les soumettant à des humiliations régulières.

Le départ de l'ancien président du CNR, Reince Priebus, a été annoncé sans cérémonie sur Twitter. Près de 18 mois plus tard, M. Trump a piétiné toute possibilité de succession ordonnée à M. Kelly en annonçant contre toute attente sur la pelouse de la Maison-Blanche, samedi, que le général à la retraite partirait d'ici la fin de l'année.

Un moment charnière

MM. Trump et Ayers discutaient du poste depuis des mois et le président lui transmettait déjà des demandes plutôt qu'à M. Kelly.

Alors qu'un responsable de la Maison-Blanche a expliqué que la décision de M. Ayers était motivée par son désir de retourner en Géorgie afin de se rapprocher de sa famille, des gens au fait de sa réflexion ont dit qu'il s'inquiétait également d'un examen minutieux de ses anciennes activités de consultant politique. M. Trump et lui n'ont pas non plus réussi à s'entendre sur la durée de son service. M. Ayers voulait servir sur une base intérimaire ; M. Trump voulait un engagement de deux ans.

M. Trump a été blessé par la décision de M. Ayers de se retirer, selon des proches. La débâcle survient à un moment charnière pour M. Trump, qui prépare sa réélection en même temps qu'il devra affronter de nombreuses enquêtes des démocrates qui prendront le contrôle de la Chambre des représentants en janvier, sans oublier l'enquête en cours concernant l'ingérence de la Russie dans les élections de 2016.

Lorsque M. Trump nommera un remplaçant à M. Kelly, il établira le record du plus grand nombre de chefs de cabinet au cours des 24 premiers mois d'une administration, selon une analyse de Kathryn Dunn Tenpas, de l'Institut Brookings.

Comme M. Ayers n'attend plus dans les coulisses, certains craignent que M. Trump n'ait personne en place à temps pour le départ de M. Kelly, ou qu'il choisisse la première personne qui lui passera par la tête simplement pour contrecarrer les perceptions selon lesquelles personne ne veut du poste.

M. Trump a déclaré à son entourage qu'il voulait comme troisième chef de cabinet quelqu'un avec qui il s'entendra bien. Sa relation avec M. Kelly était depuis longtemps glaciale. M. Trump a dit à ses alliés qu'il voulait trouver une personne avec qui il pourra discuter - échanger des commérages et se plaindre de la couverture médiatique - et qui aura un meilleur instinct politique.