Les États-Unis ont ajouté le Pakistan à leur liste noire des pays désignés comme « particulièrement préoccupants » en matière de liberté de religion, a annoncé mardi le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo.

Cette décision risque d'envenimer les relations déjà tendues entre les deux pays, alors que Washington accuse régulièrement Islamabad de donner refuge à des insurgés qui combattent les troupes gouvernementales afghanes et américaines en Afghanistan.

Le Pakistan avait déjà été placé « sous surveillance » il y a un an pour ses atteintes à la liberté religieuse, dont l'administration de Donald Trump a fait une priorité en matière de défense des droits humains. Son inscription sur la liste noire fait monter la pression d'un cran et ouvre la voie à des possibles sanctions diplomatiques ou économiques.

À ce stade, toutefois, les sanctions contre le Pakistan ne seront pas appliquées au nom de la sécurité nationale américaine, a fait valoir le gouvernement.

Dans la dernière édition de son rapport annuel sur le sujet, le département d'État américain dénonce la violence sectaire qui règne au Pakistan, la protection insuffisante dont bénéficient les minorités religieuses, et les abus perpétrés au nom de la loi sur le blasphème.

« La moitié des personnes incarcérées pour blasphème dans le monde sont dans des prisons pakistanaises », a relevé l'ambassadeur des États-Unis pour la liberté religieuse, Sam Brownback, dans un échange avec la presse.

Il a toutefois dit « espérer » que le nouveau gouvernement d'Imran Khan puisse « améliorer la situation ». « Il y a eu quelques signes encourageants récemment », a-t-il estimé.

Moscou « sous surveillance »

Asia Bibi, une chrétienne accusée de blasphème et condamnée à mort en 2010 à la suite d'une dispute avec des villageoises musulmanes au sujet d'un verre d'eau, a été acquittée fin octobre par la Cour suprême du Pakistan et libérée. Ce verdict a provoqué la fureur des milieux islamistes du pays et de longues manifestations.

Le gouvernement a ensuite inculpé de terrorisme et rébellion le religieux derrière ces manifestations.

« Nous continuons de suivre très attentivement l'affaire Asia Bibi », a assuré l'ambassadeur Brownback.

Les autres membres de la liste des pays qui ont « perpétré ou toléré des violations systématiques, flagrantes et persistantes de la liberté de religion » y figuraient déjà en 2017 : Arabie saoudite, Birmanie, Chine, Corée du Nord, Érythrée, Iran, Soudan, Tadjikistan et Turkmenistan.

L'Ouzbékistan, sur la liste noire depuis plusieurs années, en est sorti, mais reste « sous surveillance ». La Russie et les Comores sont aussi placées « sous surveillance » pour avoir « perpétré ou toléré de graves violations de la liberté de religion ».

En cause, s'agissant de la Russie, « la suppression généralisée de l'expression religieuse à la suite de leur loi de 2016 criminalisant les activités missionnaires illégales », selon Sam Brownback. « 145 prisonniers sont actuellement derrière les barreaux pour leur croyance religieuse, 106 d'entre eux sont musulmans », a-t-il déploré.

Ce contentieux s'ajoute à une longue liste de différends qui ont conduit les relations entre Moscou et Washington au plus bas.

« Dans beaucoup trop d'endroits de la planète, des personnes continuent de subir le harcèlement, des arrestations ou même la mort pour le simple fait de vivre leur vie en accord avec leur croyance », a déploré Mike Pompeo dans un communiqué. « Les États-Unis ne vont pas rester les bras croisés face à une telle oppression », a-t-il prévenu.