Donald Trump a annoncé samedi le départ de son plus proche conseiller, le secrétaire général de la Maison-Blanche John Kelly, ajoutant une nouvelle touche à la remise à plat de son équipe dans un contexte troublé par l'enquête russe et avant l'élection de 2020.

« John Kelly partira à la fin de l'année », a déclaré Donald Trump devant les journalistes à la Maison-Blanche, indiquant que le nom de son successeur serait annoncé « dans un jour ou deux ».  

Et Donald Trump de préciser qu'il pourrait nommer dans un premier temps un remplaçant par intérim.

Le « chief of staff », secrétaire général de la Maison-Blanche, est un homme clé de la présidence américaine. Il est le bras droit du président, et le coordonnateur de l'action de l'administration.

« C'est un gars super », a ajouté le 45e président des États-Unis à propos de John Kelly, précisant qu'il avait « beaucoup apprécié ses services ».  

Les interrogations sur un départ imminent de John Kelly se faisaient de plus en plus pressantes ces derniers jours, les médias américains insistant sur la dégradation des relations entre les deux hommes. Certains affirmaient même qu'ils en étaient venus à ne plus se parler.

Avant de devenir le principal conseiller de Donald Trump à la Maison-Blanche en juillet 2017, M. Kelly, général des Marines à la retraite, avait occupé le poste de ministre de la Sécurité intérieure pendant les six premiers mois de la présidence.

Il y avait défendu, comme Donald Trump, une vision extrêmement ferme de la politique d'immigration des États-Unis.

Il était arrivé à la Maison-Blanche quelques mois à peine après le renvoi par M. Trump du directeur du FBI et la nomination du procureur spécial Robert Mueller chargé de mener l'enquête sur les soupçons de collusion entre l'équipe de campagne du magnat de l'immobilier et Moscou.

Sa mission avait été de remettre un peu d'ordre dans une Maison-Blanche au fonctionnement chaotique et souvent confus, marquée par les réactions instinctives et imprévisibles du président.

« Dieu m'a puni »

La tâche était considérable et John Kelly a parfois montré des signes de découragement. « J'imagine que j'ai dû faire quelque chose de mal et Dieu m'a puni », a-t-il lâché un jour de mars dernier sur le ton de l'autodérision à propos de ses fonctions à la Maison-Blanche.

« Il quitte un poste souvent ingrat, mais John Kelly a ma reconnaissance éternelle », a résumé le président de la Chambre des représentants Paul Ryan.

L'annonce du départ de John Kelly, 68 ans, suit de 24 heures deux nouvelles nominations importantes auprès du président américain.

Donald Trump a décidé vendredi de confier le ministère de la Justice à William Barr, un juriste républicain respecté, un portefeuille d'une grande importance puisque lui incombe la supervision de l'enquête russe du procureur Mueller. Il a également nommé la porte-parole du département d'État Heather Nauert au poste d'ambassadrice des États-Unis à l'ONU en remplacement de Nikki Haley.

La première moitié de la présidence Trump aura été marquée par une grande instabilité sur les postes clés de conseillers ou de ministres. Mais avec le départ de John Kelly, il affiche la volonté d'aborder la seconde partie de son mandat avec une équipe renouvelée.  

Les États-Unis basculeront dès le début de l'année prochaine dans une période préélectorale à l'approche de l'élection de 2020.

Donald Trump a déjà fait savoir qu'il solliciterait un second mandat, tandis que de nombreux prétendants démocrates fourbissent leurs armes avant une élection primaire qui devra désigner celui ou celle qui ira le défier.

Pour le milliardaire républicain, ces prémices de campagne se dérouleront sous l'ombre menaçante de l'enquête du procureur Mueller. Celui-ci a publié vendredi de nouveaux éléments du dossier, révélant des contacts entre un proche du candidat Trump en 2015 et un intermédiaire russe.

Ces contacts n'ont pas abouti, et rien à ce jour ne permet d'établir une collusion entre Moscou et l'équipe du candidat républicain, devenu président en 2016.

Pour remplacer John Kelly, les médias américains évoquent avec insistance le nom de Nick Ayers, actuel chef de cabinet du vice-président Mike Pence. Il s'agit d'un jeune stratège politique républicain de 36 ans, au profil radicalement différent de celui de John Kelly.