Le président américain Donald Trump a affiché lundi sa volonté de travailler avec la Chine et la Russie pour mettre fin à une course aux armements devenue « incontrôlable », mais est resté évasif sur le calendrier comme sur la portée de ces éventuelles discussions.

Ces déclarations du locataire de la Maison-Blanche, qui a depuis son élection envoyé des signaux pour le moins contradictoires sur ce dossier sensible, interviennent dans une période de vives tensions entre Washington et Moscou qui s'accusent mutuellement de violer ou contourner les traités existants.

Nombre de pays européens mettent en garde depuis plusieurs mois contre les risques d'une relance de la course aux armes nucléaires entre les deux anciens ennemis de la Guerre froide.

« Je suis certain que, à l'avenir, le président Xi et moi-même, avec le président Poutine, nous commencerons à parler d'une pause significative dans ce qui est devenu une course aux armements majeure et incontrôlable », a tweeté M. Trump, deux jours après sa rencontre avec le dirigeant chinois à Buenos Aires en marge du sommet du G20.

« Les États-Unis ont dépensé 716 milliards de dollars cette année. Fou ! », a-t-il ajouté, quelques mois après avoir signé - et longuement vanté - une loi prévoyant une hausse significative des dépenses militaires américaines.

Réagissant à cette annonce, le Kremlin a déploré que M. Trump ait annulé au dernier moment le face-à-face prévu avec son homologue russe en Argentine.

« Nous attendions la rencontre entre MM. Poutine et Trump qui auraient pu [...] esquisser le cadre d'un dialogue sur ce sujet. Malheureusement, la rencontre n'a pas eu lieu », a souligné son porte-parole Dmitri Peskov.

Le président américain a annoncé fin octobre son intention de retirer les États-Unis du traité sur les armes nucléaires de portée intermédiaire (INF), bannissant les missiles nucléaires d'une portée allant de 500 à 5000 kilomètres, conclu avec la Russie en 1987.

M. Poutine a immédiatement averti qu'un tel retrait pourrait avoir des conséquences « dangereuses ».  

Le dernier dirigeant de l'URSS Mikhaïl Gorbatchev, à l'origine de la signature en 1987 de cet important traité de désarmement, avait pour sa part dénoncé le « manque de sagesse » du président américain actuel, appelant tous ceux qui chérissent un monde sans armes nucléaires à convaincre Washington de revenir sur sa décision, afin de « préserver la vie sur Terre ».

Le chaud et le froid

Washington se plaint du déploiement par Moscou du système de missiles 9M729, dont la portée selon Washington dépasse les 500 km, ce qui constituerait une violation du traité INF de 1987.  

Ce traité, en abolissant l'usage de toute une série de missiles, avait mis un terme à la crise déclenchée dans les années 1980 par le déploiement des SS-20 soviétiques à têtes nucléaires ciblant les capitales occidentales.

Les États-Unis ne sont pas soutenus par leurs alliés européens dans le nouveau bras de fer engagé avec Moscou. Si l'OTAN accuse la Russie d'avoir violé le traité INF en développant un nouveau programme de missiles à longue portée, les alliés ne « veulent pas d'une nouvelle Guerre froide et d'une nouvelle course aux armements », a averti Jens Stoltenberg, le secrétaire général de l'organisation.

Depuis le début de l'année, les déclarations belliqueuses et les mises en garde se sont multipliées entre Washington et Moscou sur ce thème.

Lors de son discours annuel devant le Parlement, en mars, Vladimir Poutine avait vanté les nouveaux missiles nucléaires « invincibles » développés face aux projets de boucliers antimissiles américains en Europe de l'Est et en Corée du Sud.

Moscou a par ailleurs reproché à Washington sa nouvelle « posture nucléaire », qualifiée de « belliqueuse » et « antirusse », qui vise à doter les États-Unis de nouvelles armes nucléaires de faible puissance.

La Russie a par ailleurs exprimé sa préoccupation concernant la volonté de Donald Trump de créer une force armée de l'espace indépendante de l'armée de l'air, craignant un « impact déstabilisateur » sur la sécurité internationale.

Entre son élection, en novembre 2016 et sa prise de fonction, en janvier 2017, Donald Trump avait lui-même ravivé le spectre d'une course aux armements.

Dans un tweet laconique qui avait suscité inquiétude et perplexité à travers le monde, il avait notamment affirmé que les États-Unis devaient « grandement renforcer et accroître leur capacité nucléaire ».