Les États-Unis préparaient samedi les cérémonies nationales en l'honneur de George Herbert Walker Bush, 41e président des États-Unis (1989-1993), dont la mémoire était saluée des deux côtés de l'Atlantique.

Le président Donald Trump participera bien aux obsèques, a annoncé la Maison-Blanche samedi. Cette participation est notable en raison de l'incident provoqué par l'une des dernières volontés de l'ancien sénateur républicain John McCain, qui avait expressément demandé à l'occupant du bureau ovale de ne pas venir aux siennes.

M. Trump a décrété une journée de deuil national mercredi, ordonnant la fermeture des bureaux d'administration fédérale ce jour-là. Les drapeaux ont été placés en berne sur tous les bâtiments officiels pour 30 jours. Les Bourses de New York et de Chicago observeront une minute de silence lundi et resteront fermées mercredi.

« C'était vraiment un homme de grande qualité », a dit Donald Trump depuis Buenos Aires. « Il a pleinement vécu sa vie, une vie exemplaire, c'est sûr ». Le dirigeant a annulé une conférence de presse prévue à la conclusion du G20, « par respect pour le président Bush ».

Affaibli par une forme de la maladie de Parkinson, George H. W. Bush se déplaçait depuis des années en fauteuil roulant, sans jamais se départir d'un large sourire et de chaussettes multicolores. Son épouse, Barbara, est décédée en avril.

Le programme complet des prochains jours de cérémonies n'avait pas encore été dévoilé samedi.  

Le cercueil doit arriver à Washington à bord de l'avion présidentiel de Donald Trump, a annoncé le dirigeant. Le grand public pourra se recueillir de lundi soir à mercredi matin, dans la rotonde du Capitole, qui restera ouverte en permanence. Une cérémonie en la cathédrale nationale de Washington aura ensuite lieu, puis la dépouille sera ramenée au Texas pour l'enterrement, probablement à College Station, où se trouve la bibliothèque présidentielle Bush.

Ses dernières paroles ont été pour son fils aîné, a rapporté James Baker, qui a été secrétaire d'État de Bush père, au New York Times. Il était alité chez lui, entouré de proches, conscient, mais affaibli.

Son fils et ancien président George W. lui a parlé au téléphone. « Je t'aime aussi », aurait répondu le père, avant de s'éteindre.

Battu par Clinton

Aux États-Unis, républicains et démocrates ont salué en lui l'incarnation d'une tradition politique moins virulente et partisane qu'à l'époque actuelle. Beaucoup rappelaient qu'il fut aviateur à 18 ans, pendant la Seconde Guerre mondiale, et avait servi son pays pendant des décennies, comme parlementaire, chef de la CIA ou ambassadeur à l'ONU.

Il était difficile de ne pas lire dans certains communiqués une critique en creux de l'actuel occupant de la Maison-Blanche. Le sénateur républicain Bob Corker a ainsi noté que l'ancien président « tendait la main à ses adversaires politiques ».

Barack Obama a rappelé sa défense des immigrés et des handicapés, et a affirmé que sa « main stable et diplomatique » avait permis de terminer la Guerre froide « sans tirer un coup de feu ».

Le président Bush n'a fait qu'un seul mandat. Alors vice-président de Ronald Reagan, il avait été élu en 1988, mais rejeté par les électeurs quatre ans plus tard, battu par Bill Clinton.

Ses quatre années au pouvoir sont marquées par la première guerre du Golfe. À la tête d'une coalition de 32 pays, il chasse les troupes irakiennes de Saddam Hussein hors du Koweït lors d'une guerre de quelques semaines en 1990.

Les Irakiens se souviennent encore de lui comme de « monsieur Embargo », en raison du lourd embargo économique imposé jusqu'à la seconde guerre du Golfe, lancée par son fils.

En politique intérieure, il est damné par la rupture d'une promesse de campagne. Il avait pris l'engagement solennel de ne jamais augmenter les impôts... ce qu'il n'a pas pu respecter, devant concilier avec un Congrès aux mains des démocrates.  

Gorbatchev

Douze ans plus tard, c'est son fils George W. Bush qui entrait à la Maison-Blanche, la seconde fois de l'histoire américaine où un fils de président était élu président.

Un autre fils, Jeb, fut gouverneur de Floride et candidat malheureux à la primaire républicaine de 2016, battu par Donald Trump.

« Bush 41 » dirigeait les États-Unis quand le mur de Berlin est tombé en 1989 et quand l'Union soviétique s'est effondrée en 1991.

« Cela a débouché sur la fin de la Guerre froide et de la course aux armements », a déclaré le dernier dirigeant soviétique, Mikhaïl Gorbatchev.

« Ce fut un coup de chance dans l'histoire allemande qu'il ait été à la tête des États-Unis d'Amérique lorsque la Guerre froide s'enlisa et que la réunification de l'Allemagne devint possible », a déclaré la chancelière allemande, Angela Merkel.

Le dalaï-lama a rappelé qu'il avait été le premier président en exercice des États-Unis à l'avoir rencontré, malgré l'opposition de la Chine.

Seule tache récente à sa biographie : il avait été accusé en 2017 de gestes déplacés envers des femmes. Il avait présenté des excuses par l'intermédiaire d'un porte-parole, prétextant un geste innocent mal interprété.