Un homme heurté par une voiture lors d'un rassemblement de nationalistes blancs en Virginie l'an dernier, une scène troublante immortalisée sur une photo qui a fait le tour du monde, a témoigné avec émotion, jeudi, lors du procès de l'homme accusé d'avoir délibérément foncé dans la foule.

Marcus Martin a eu les larmes aux yeux à plusieurs reprises alors qu'il témoignait lors du procès pour meurtre de James Alex Fields.

M. Fields est accusé d'avoir tué une femme et d'avoir blessé des dizaines de contre-manifestants lors du rassemblement « Unite the Right » à Charlottesville le 12 août 2017.

M. Martin a déclaré qu'il avait entendu un crissement de pneu, et qu'il avait alors repoussé sa fiancée pour l'éloigner du danger. C'est à ce moment qu'il a été heurté par la voiture. Il a eu une jambe cassée et d'autres blessures.

La photo montrant Marcus Martin et d'autres personnes projetées en l'air par la voiture a remporté un prix Pulitzer.

Le procès de James Alex Fields Jr. a commencé lundi. L'accusé entend faire valoir qu'il croyait agir en état de légitime défense lorsqu'il a précipité sa voiture dans une foule de contre-manifestants.

La manifestation du 12 août 2017 avait attiré des centaines de nationalistes blancs, de partisans de la « droite alternative » et de sympathisants néonazis à Charlottesville, où les autorités comptaient retirer la statue du général confédéré Robert E. Lee. Des centaines de contre-manifestants étaient également présents.

Les deux camps se sont affrontés avant même le début du rassemblement, s'échangeant des coups de poing et projetant des grenades fumigènes. Une femme de 32 ans, Heather D. Heyer, a été tuée lorsqu'une voiture, vraisemblablement conduite par James Alex Fields Jr., a foncé sur la foule de contre-manifestants antiracistes.

L'accusé «mort de peur», selon ses avocats

Les avocats de Fields ont assuré qu'il était « mort de peur » lorsqu'il a foncé dans la foule avec son véhicule, alors que l'accusation a pointé du doigt sa « colère ».

Si le fait qu'il ait été au volant de la Dodge Challenger n'est pas contesté, ses intentions sont au coeur des argumentaires de la défense et de l'accusation.

L'un de ses avocats, John Hill, a ainsi décrit le 12 août 2017 comme une journée de chaos où « des disputes éclataient » entre manifestants et contre-manifestants, dont certains étaient armés.

Selon lui, James Fields a exprimé des remords après son arrestation. Il a confié à la police qu'il « avait craint pour sa sécurité et qu'il était mort de peur », a assuré Me Hill.    

L'accusation a au contraire argué que le jeune homme avait agi de manière préméditée, et qu'un monceau de preuves (photos et vidéos) le montraient.

« Regardez ce qu'il a fait ce jour-là. Écoutez les mots qu'il scande. Regardez les expressions sur son visage », a lancé la procureure Nina Antony.  

Peu avant que le jeune homme ne lance sa voiture sur la foule de contre-manifestants, il s'est « mis complètement à l'arrêt à une certaine distance du groupe » et a fait vrombir son moteur tout en regardant le groupe, a-t-elle poursuivi.

La procureure a également évoqué deux images publiées par James Fields sur Instagram en mai 2017.  

« Sur ces deux images, on peut voir un groupe décrit comme étant composé de manifestants être percuté », a-t-elle dit.

« Le 12 août, James Alex Fields Junior était ici à Charlottesville avec de la colère et des images de violence imprimées dans la tête », a-t-elle martelé.

-Avec l'Agence France-Presse