La femme du narcotrafiquant mexicain El Chapo communique-t-elle secrètement avec son mari malgré les interdictions ? C'est ce qu'ont insinué mardi les procureurs américains dans un document dans lequel ils demandent des sanctions contre un avocat de la défense qui faciliterait ces contacts.

Les procureurs affirment que l'épouse de Joaquin Guzman, alias El Chapo - qui, depuis le début de son procès à New York, fait l'objet de mesures de sécurité très strictes après s'être évadé deux fois de prisons mexicaines - a utilisé un portable au tribunal, alors même qu'elle n'a pas le droit d'y entrer avec un téléphone.

Emma Coronel, une ex-reine de beauté avec laquelle El Chapo a eu des filles jumelles, aurait profité d'un échange entre un des avocats et l'accusé, les 19 et 20 novembre, afin de « faciliter un contact non autorisé » entre elle et son mari.

Dans ce document dont de nombreuses parties sont noircies, y compris le nom de l'avocat qui aurait aidé Mme Coronel à établir un contact avec son époux, les procureurs réclament au juge fédéral Brian Cogan de prendre des « sanctions » de nature non précisée contre les avocats du Mexicain.  

Si les avocats d'El Chapo ont eux droit à leur téléphone, les mesures de sécurité définies pour ce procès stipulent qu'ils ne peuvent en aucun cas transmettre des appels ou des messages provenant d'une tierce partie, souligne l'accusation dans son document.

Le juge Cogan a reporté à la semaine prochaine sa décision sur d'éventuelles sanctions, estimant qu'il n'y avait « pas urgence » puisque Mme Coronel n'a désormais plus accès à un téléphone.

Lundi à l'audience, le juge s'était dit satisfait des explications données par la défense, selon lesquelles Mme Coronel avait utilisé le téléphone à des fins de traduction uniquement.

Depuis son extradition aux États-Unis en janvier 2017, El Chapo, accusé d'avoir dirigé 25 ans durant le cartel de Sinaloa, responsable de l'exportation de quelque 155 tonnes de cocaïne aux États-Unis, est maintenu à l'isolement.  

Les seules personnes autorisées à lui rendre visite, à travers une vitre, sont ses avocats et ses filles de sept ans. Toute communication avec sa femme, âgée de 29 ans, est bannie.

À l'ouverture du procès, le juge avait refusé la demande d'Emma Coronel de pouvoir étreindre son mari, jugeant que le risque qu'il puisse s'évader ou menacer des témoins était trop grand.