Dans un nouveau développement rappelant la présidentielle américaine de 2000, les autorités de Floride ont ordonné jeudi un dépouillement à la main pour déterminer le vainqueur de l'élection au Sénat, le résultat restant encore trop serré même après avoir déjà recompté des millions de bulletins.

Le candidat républicain Rick Scott s'est rapidement déclaré, une nouvelle fois, vainqueur, sans attendre la conclusion de ce nouveau dépouillement ordonné par sa propre administration, puisqu'il est actuellement gouverneur de Floride.

En plus de la course au Sénat, les vainqueurs n'ont pas encore pu être déclarés dans plusieurs élections, dont celle pour l'important siège de gouverneur, plus d'une semaine après les scrutins du 6 novembre.

Mais depuis des jours, le président Trump martèle que ses poulains républicains ont gagné, dénonçant sans aucune preuve une «fraude» des démocrates.

Quoi qu'il arrive, les républicains garderont leur majorité au Sénat en janvier, mais si le siège de Floride reste finalement dans le giron des démocrates, leur avance sera entamée.

Mercredi, Rick Scott avait déjà été reçu en vainqueur par les républicains sur la colline du Capitole, alors même que son opposant démocrate, le sénateur Bill Nelson, n'a pas concédé la défaite.  

«Notre État doit avancer», a lancé jeudi Rick Scott dans un communiqué, affirmant que le nouveau décompte automatique avait creusé son avantage.  

Mais celui-ci reste toutefois infime, à quelque 12 600 voix, soit 0,15 point de différence.  

C'est moins que le seuil de 0,25 point qui, selon la loi en Floride, déclenche automatiquement un nouveau dépouillement manuel des bulletins problématiques. C'est-à-dire ceux où les électeurs semblent, après une première observation, avoir coché trop ou pas assez de cases.

Ce décompte doit être effectué d'ici le 18 novembre. Les autorités électorales doivent certifier les résultats le 20 novembre.  

Les autorités de Floride ont aussi ordonné un nouveau dépouillement manuel dans plusieurs élections locales mais pas pour celle de gouverneur, également très disputée.  

Le républicain Ron DeSantis affiche 49,59% contre 49,18% pour le démocrate Andrew Gillum, premier candidat noir à cette fonction en Floride. Soit toujours 0,4 point de différence au terme du nouveau comptage automatique qui s'est achevé jeudi à 15h.  

Mais Andrew Gillum, 39 ans, refuse de concéder la défaite. «Des dizaines de milliers de votes doivent encore être comptés», a-t-il écrit dans un communiqué sans préciser de quels bulletins il parlait.

Les autorités n'ont pas déclaré de vainqueur. Elles attendront là aussi le 20 novembre pour communiquer les résultats certifiés officiels de cette élection.  

Un des 67 comtés de Floride, celui de Palm Beach, a souffert de problèmes techniques et n'a pas pu achever à temps le nouveau dépouillement automatique jeudi.  Ce comté, qui penche plutôt du côté démocrate, a donc de nouveau livré les premiers résultats déterminés samedi dernier aux autorités, conformément à la loi.  

Républicains et démocrates sont engagés dans plusieurs bras de fer judiciaires pour sortir gagnants de cet imbroglio électoral qui rappelle le rôle crucial joué par la Floride pour départager George W. Bush et Al Gore lors de la présidentielle de 2000.  

Le processus avait finalement été arrêté par la Cour suprême des États-Unis. Le républicain Bush avait battu le démocrate en Floride par 537 voix et remporté la présidentielle.