Les autorités américaines ont décidé d'imposer des restrictions draconiennes sur les ventes de cigarettes électroniques pour enrayer « l'épidémie » parmi les jeunes irrésistiblement attirés par ce produit sous sa forme aromatisée.  

L'agence de santé américaine (FDA) a annoncé jeudi qu'elle proposait d'interdire les ventes des e-cigarettes aromatisées sur l'internet. Celles-ci ne seront donc disponibles qu'en magasins, des espaces fermés inaccessibles aux mineurs.

La FDA entend par ailleurs imposer une interdiction des ventes sur les cigarettes et les cigares mentholés, soulignant que « le menthol sert à masquer les aspects repoussants de la fumée qui découragent un enfant de fumer ».  

Avant de prendre effet, ces propositions doivent être soumises à une période de consultation publique qui doit durer jusqu'en juin, a-t-elle précisé.

Le nombre de vapoteurs a augmenté de 78 % dans les lycées américains de 2017 à 2018, et de 48 % dans les collèges, selon les dernières données d'une enquête nationale.  

« Ces chiffres choquent ma conscience », a réagi Scott Gottlieb, responsable de la FDA dans un communiqué. « Cette hausse (de la consommation) doit cesser. Et la ligne directrice est la suivante : je ne laisserai pas une génération d'enfants devenir accrocs à la nicotine par le biais des cigarettes électroniques », a-t-il ajouté.

Depuis 2016, la FDA régule les e-cigarettes, interdites par exemple à la vente pour les mineurs. Elle a aussi multiplié les contrôles de leur composition.

Mais face à la hausse vertigineuse du nombre de vapoteurs parmi les jeunes Américains, elle a décidé de sévir.

Le nombre total de collégiens et lycéens consommant actuellement des cigarettes électroniques a atteint 3,6 millions, soit 1,5 million de plus que l'année précédente, a déploré jeudi la FDA.

Plus d'un quart des lycéens vapotent régulièrement, c'est à dire un minimum de 20 jours ou plus au cours du mois passé. Et 67,8 % d'entre eux vapotent des e-cigarettes parfumées, des chiffres en forte hausse, souligne-t-elle.

Future génération de fumeurs ?

« Nous prendrons toutes les mesures nécessaires pour empêcher que ces tendances ne se poursuivent », a insisté Scott Gottlieb, soulignant l'enjeu : empêcher que les adolescents vapoteurs d'aujourd'hui ne deviennent les adultes fumeurs de demain, puis des malades incurables.

La FDA rappelle que la quasi-totalité des fumeurs adultes ont commencé quand ils étaient mineurs. « Près de 90 % d'entre eux ont commencé avant l'âge de 18 ans et 95 % avant 21 ans », précise-t-elle. « Seul 1 % de fumeurs de cigarettes a commencé à 26 ans ou plus ».

La cigarette est encore la première cause de maladie et de décès évitable aux États-Unis, et tue environ 480 000 Américains chaque année. Quelque 16 millions d'Américains souffrent en outre de maladies liées au tabac.

Pour Scott Gottlieb, le vapotage chez les jeunes est désormais une « épidémie ».

Si on ne retrouve pas de nombreux produits cancérigènes des cigarettes, comme le goudron, dans les cigarettes électroniques, ces dernières contiennent de la nicotine, un produit qui n'est pas lié au cancer, mais qui provoque la dépendance.

La FDA avait déjà sommé il y a quelques semaines les fabricants d'e-cigarettes de trouver le moyen d'empêcher les jeunes d'acheter leurs produits.

Le groupe de tabac américain Altria (Marlboro aux États-Unis, Chesterfield...) avait pris les devants en annonçant le 25 octobre qu'il allait cesser de vendre une partie de ses cigarettes électroniques, les plus populaires auprès des jeunes.

Attaqué de toutes parts, le numéro un des cigarettes électroniques Juul avait, à son tour mardi, annoncé la suspension des ventes de ses produits également les plus prisés des adolescents. Il va cesser de commercialiser dans les magasins la plupart de ses recharges aromatisées, celles visées précisément par la FDA.

Le fabricant, dont les produits connaissent un succès fulgurant auprès des jeunes, mettra également fin à leur promotion sur les réseaux sociaux.

L'entreprise, basée à San Francisco comme nombre de fabricants d'e-cigarettes, argue que leurs produits ciblent les fumeurs adultes désireux de se sevrer du tabac.  

Mais certains de ces produits ressemblent à une clé USB dans laquelle on insère des recharges avec un liquide contenant de la nicotine et aromatisé. Attirants pour les ados, ils se sont imposés parmi la jeunesse du monde entier.

En Europe, l'efficacité de ces cigarettes, censées aider les fumeurs à se sevrer, est remise en question.

En France, l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) vient ainsi de lancer une étude nationale pour évaluer l'efficacité de ce produit en comparaison à un médicament.