Un juge américain a sermonné mercredi un des avocats du narcotrafiquant mexicain Joaquín « El Chapo » Guzmán, qui a profité de sa déclaration d'ouverture de mardi pour accuser deux présidents du Mexique de corruption.

Les procureurs avaient demandé au juge de rejeter ces remarques. Le juge Brian Cogan, de la Cour fédérale à New York, n'est pas allé aussi loin, mais il a sommé l'avocat Jeffrey Lichtman de s'en tenir aux faits. Il lui a reproché de s'être « grandement éloigné des preuves directes ou circonstancielles ».

Me Lichtman a estimé que la requête des procureurs était « totalement sans mérite ».

Il avait déclaré mardi que son client n'était pas le véritable leader du cartel de Sinaloa qui a expédié des tonnes de cocaïne vers les États-Unis. Me Lichtman avait plutôt pointé du doigt un autre narcotrafiquant, Ismael « El Mayo » Zambada, qui aurait échappé à la justice en soudoyant les plus hautes autorités mexicaines - y compris des centaines de millions de dollars versés à l'ancien et à l'actuel président du Mexique.

Les deux présidents mentionnés par Me Lichtman, l'ancien président Felipe Calderón et le président sortant Enrique Peña Nieto, ont énergiquement nié avoir quoi que ce soit à se reprocher.

Me Lichtman a repris sa déclaration d'ouverture mercredi, en affirmant que « le mythe d'El Chapo [...] est très puissant ». Il a rapporté que des membres des forces de l'ordre avaient demandé à son client d'autographier des billets de 100 $  US au moment de son arrestation.

Il a ensuite reconnu que « M. Guzmán est une personne qui aimait la publicité. Il aimait la célébrité ».

L'avocat a qualifié les témoins du gouvernement de menteurs qui tentent d'écourter leur propre séjour en prison.

« Ce sont des gens qui mentent tous les jours, a-t-il dit. Ils sont ici parce qu'ils cherchent par tous les moyens à sortir de prison. »

Les procureurs américains ont par ailleurs commencé à présenter leur preuve en offrant aux jurés une visite vidéo d'un tunnel creusé entre le Mexique et un entrepôt de l'Arizona, qu'« El Chapo » aurait utilisé pour faciliter le transport de drogue. L'entrepôt se trouvait à seulement deux coins de rue d'un bureau de la douane américaine.

Le tunnel avait la longueur d'un demi-terrain de football et un homme de taille moyenne devait à peine incliner la tête pour y circuler. Il était muni d'un éclairage électrique et d'un système hydraulique pour soulever le plancher, là où se trouvait une table de billard.

Un douanier américain à la retraite, Carlos Salazar, a été le premier témoin appelé à la barre. Il a raconté aux jurés que les agents américains avaient été surpris par le degré de sophistication du tunnel. Ils ont utilisé des outils puissants pour défoncer le ciment, a-t-il dit, avant de découvrir plus tard qu'on pouvait ouvrir le tunnel simplement en tournant un robinet du côté mexicain.

« On ne savait pas que c'était un système hydraulique, a-t-il dit. On ne savait pas que le plancher se soulevait. »