FORT Le président Donald Trump a encore critiqué le dépouillement de l'élection sénatoriale en Floride, mardi, appelant le sénateur démocrate à admettre qu'il a perdu, et il a de nouveau laissé entendre, sans fournir de preuves, que les responsables des élections de deux comtés tentaient de voler les élections aux républicains.

« Quand Bill Nelson admettra-t-il sa défaite en Floride ? », a lancé le président Trump sur Twitter.

Il a ajouté avec ironie que les responsables électoraux des comtés de Broward et Palm Beach ne parviendraient pas à « trouver » assez de votes.

Le dépouillement en Floride a connu des problèmes tant pour la course au Sénat que celle pour gouverner l'État.

Le comté de Palm Beach a averti qu'il n'aurait pas terminé le deuxième dépouillement d'ici l'échéance de jeudi. Et dans le comté de Broward, dont les pratiques ont été vertement critiquées, des shérifs additionnels ont été envoyés pour surveiller les bulletins de vote et les machines de vote, afin de rassurer certains sur le processus. Ces comtés représentent deux bastions démocrates.

Or, tant le département des élections que le département responsable de l'application de la loi en Floride - tous deux dirigés par des républicains - disent n'avoir aucune preuve de fraude électorale dans l'ensemble de l'État. Un juge du comté de Broward a mis au défi quiconque aurait des preuves de les présenter aux autorités.

La bataille judiciaire s'est poursuivie de plus belle, mardi. M. Nelson et le comité de campagne démocrate ont déposé deux nouvelles poursuites, dont une qui demande à un juge fédéral de mettre de côté les échéances pour le dépouillement à la machine et à la main, si nécessaire.

Il est rare que les présidents au pouvoir s'impliquent dans les conflits partisans sur des irrégularités électorales.

Mais cette fois-ci, le président Trump l'a pris personnel. Il a fait campagne sans relâche dans cet État et avait appuyé le candidat républicain Ron De Santis. Après les élections, les conseillers du président prenaient l'exemple de la Floride pour démontrer le succès des républicains aux élections.

La Maison-Blanche optimiste

Une porte-parole de la Maison-Blanche, Mercedes Schlapp, a déclaré mardi que le président « avait évidemment son opinion » sur le dépouillement.

Lundi, le président avait écrit qu'un « dépouillement de vote honnête n'était plus possible en Floride », sans donner plus de détails. M. Trump a poursuivi en affirmant que « de nouveaux bulletins de vote étaient arrivés de nulle part et que de nombreux bulletins de vote manquaient ou étaient contrefaits ». Difficile de savoir à quoi il faisait référence.

Il a réclamé que les résultats du soir de l'élection de mardi dernier - qui étaient incomplets - soient utilisés pour déterminer le gagnant.

« Ça a été incroyablement frustrant à regarder. On a un écart de 12 000 votes et l'autre candidat refuse d'admettre sa défaite », a soutenu la porte-parole de la Maison-Blanche.

« Alors je crois qu'à ce point-ci, on se rendra à l'étape du dépouillement manuel et au dépouillement par la machine et nous verrons ce qui arrive, mais nous sommes optimistes à l'idée que Rick Scott soit le prochain sénateur de la Floride. »

La loi de l'État exige qu'une machine effectue un deuxième dépouillement lorsque la marge est de moins de 0,5 point de pourcentage entre deux candidats. Dans la course au Sénat, Rick Scott menait sur le démocrate par 0,14 point de pourcentage. Pour la course au poste de gouverneur, des résultats préliminaires indiquaient que l'ancien représentant républicain Ron DeSantis était en avance de 0,41 point de pourcentage face au démocrate Andrew Gillum.

Une fois que le deuxième dépouillement sera complété, si la différence entre les deux est de 0,25 point de pourcentage ou moins, un dénombrement à la main sera ordonné. Les 67 comtés ont jusqu'à jeudi pour terminer leurs dépouillements.

« Baissez le ton »

Le juge de circuit du comté de Broward, Jack Tuter a tenu une audience d'urgence, lundi, pour entendre une requête des avocats du gouverneur sortant républicain, Rick Scott. Ils ont demandé d'envoyer plus de shérifs au bureau électoral pour surveiller le dépouillement.

Les républicains s'en prennent surtout à la responsable des élections du comté, Brenda Snipes, une démocrate qui avait été nommée en 2003 par le gouverneur républicain de l'époque, Jeb Bush. Elle a été réélue quatre fois.

Les avocats de M. Scott ont allégué en cour que Mme Snipes adoptait des pratiques « suspectes et illégales » dans son décompte des votes et ont soulevé la possibilité qu'elle puisse « détruire des preuves d'erreurs, d'accidents ou de conduite illégale ».

Le juge a rétorqué qu'il ne disposait d'aucune preuve de méfait.

« En raison de la nature hautement publique de cette affaire, je vous presse de baisser le ton », a déclaré le juge Tuter.

« Si quelqu'un dans cette poursuite ou quelqu'un dans ce comté a une preuve de fraude électorale, d'irrégularités, il devrait le dire aux policiers locaux », a-t-il ajouté.

« Si les avocats sont au courant, ils devraient faire une déclaration sous serment, mais tout ce que les avocats disent ici, devant le bureau des élections, est diffusé partout au pays. Nous devons faire attention à ce que nous disons. Les mots sont importants de nos jours. »