Une grande incertitude demeurait lundi aux États-Unis à la veille d'élections législatives déterminantes pour la fin de mandat de Donald Trump, qui s'est jeté en plein dans la bataille pour ces scrutins en forme de référendum sur sa présidence.

Si le nom du président républicain ne figurera pas sur les bulletins de vote mardi, il est en revanche sur toutes les bouches depuis des mois de campagne.  

Donald Trump lui-même martèle que le scrutin sera un référendum sur sa présidence. Craignant, à raison, qu'une victoire des démocrates au Congrès américain ne paralyse ses politiques, il jette toutes ses forces dans les dernières heures de la bataille.  

« Il y a une grande énergie », a-t-il assuré lundi avant de s'envoler pour ses derniers meetings de campagnes.  

Cleveland (Ohio), Fort Wayne (Indiana), Cape Girardeau (Missouri) : trois arrêts et autant de rassemblements « Make America Great Again » pour le milliardaire, qui ne sera de retour à la Maison-Blanche que bien après minuit.

Les démocrates, qui espèrent prendre leur revanche politique après le choc de 2016, sont donnés favoris par les sondages pour reprendre le contrôle de la Chambre des représentants, tandis que les républicains devraient conserver le contrôle du Sénat.

« Ca va bien pour nous au Sénat et je pense que nous allons avoir un très bon résultat à la Chambre », a déclaré Donald Trump devant des journalistes, tout en reconnaissant la tendance historique voulant que le parti au pouvoir à la Maison-Blanche souffre lors des élections de mi-mandat.  

Forte participation attendue

L'incertitude est profonde, en raison notamment des interrogations sur le niveau de participation, qui s'annonce plus élevé que d'habitude. Dans les deux camps, on tente jusqu'au dernier moment de mobiliser les électeurs.  

L'avance des démocrates dans les sondages pour la Chambre « n'est pas assez grande pour permettre de conclure qu'ils sont absolument assurés » de gagner, soulignent les politologues Larry Sabato et Kyle Kondik de l'université de Virginie, dans leurs derniers pronostics avant le vote.  

La perte de la Chambre, en dépit des excellents chiffres de l'économie américaine, serait un dur revers pour Donald Trump.  

Le président américain s'est en effet érigé en garant de la bonne santé économique des États-Unis et comme le rempart contre l'immigration clandestine et les « caravanes » de migrants d'Amérique centrale qui traversent actuellement le Mexique vers la frontière américaine. « C'est une invasion », martèle-t-il.  

Les démocrates ont fait campagne sur la défense du système de santé, mais parient aussi sur le rejet de Donald Trump, qu'ils sont nombreux à qualifier ouvertement de menteur et de catalyseur des violences racistes et antisémites récentes ayant endeuillé le pays.

« Les républicains bénéficient » du fait que les élections se tiennent à une époque « prospère », soulignent MM. Sabato et Kondik. « Mais il faut aussi prendre en compte la faible cote de popularité du président Trump », qui a « profondément écoeuré » les démocrates mais, « surtout, des électeurs indépendants susceptibles de changer de partis ».

Selon le dernier sondage réalisé par SSRS pour CNN, Donald Trump a notamment de quoi s'inquiéter du vote des femmes : 62 % d'entre elles soutiennent les démocrates (contre 35 % pour les républicains), alors que chez les hommes les voix se partagent de façon équilibrée (49 % pour les républicains, 48 % pour les démocrates).

Pour la Chambre des représentants, où les démocrates doivent ravir 23 sièges, les sondages nationaux leur donnent l'avantage.

Au Sénat, les républicains prédisent qu'ils renforceront leur majorité. La carte est en leur faveur : le renouvellement par tiers concerne cette année des États majoritairement conservateurs.  

Les sénateurs sortants les plus en difficulté sont des démocrates élus dans le Dakota du Nord, l'Indiana, le Montana et le Missouri.  

Contre-pouvoir

Les États-Unis pourraient donc se retrouver, le 3 janvier 2019, avec un 116e Congrès divisé. Ce qui suffirait à mettre des bâtons dans les roues du 45e président des États-Unis, jusqu'aux prochaines élections de 2020.  

« Si les démocrates perdent ces élections, il n'y aura plus aucun contre-pouvoir » face à Donald Trump, a confié, très inquiet, à l'AFP un habitant du New Jersey, Jonathan Fritz, qui compte donc voter pour le sénateur démocrate sortant, Bob Menendez, malgré des accusations de corruption.

Au coeur de l'une des courses les plus suivies de ces élections, le candidat démocrate pour le Sénat Beto O'Rourke s'est montré confiant lundi matin, en affirmant qu'un sondage le montrait à égalité avec le sénateur républicain sortant du Texas, Ted Cruz. Les sondages publics donnent pourtant 6,5 points d'avance en moyenne à ce dernier.

« C'est à nous de jouer », a-t-il lancé à ses supporteurs lors d'un meeting à Houston. Les électeurs « décideront non seulement de l'avenir du Texas mais aussi de celui de ce pays », a poursuivi ce quadragénaire, pressenti parmi les candidats démocrates pour la présidentielle de 2020.