Les rapports entre les hommes et les femmes ont constitué un enjeu déterminant du présent cycle électoral aux États-Unis, et ce, dès la mobilisation contre la victoire et l'investiture du président Donald Trump il y a près de deux ans.

Mais il est difficile de déterminer si le mouvement #metoo (#moiaussi) et la controverse qui l'entoure parfois favoriseront l'un ou l'autre des partis dans le cadre des élections de mi-mandat, mardi.

Plus de femmes que jamais auparavant ont remporté les primaires des principaux partis politiques pour devenir gouverneures ou siéger au Congrès. Les femmes s'imposent également en tant qu'importantes donatrices pour diverses campagnes, incarnant cette année une force électorale bien établie.

« Je pense que peu importe ce qui arrivera, les femmes ont montré qu'elles ne se contentent plus du fait que d'autres les représentent et parlent en leur nom », avance Christina Reynolds, vice-présidente des communications d'EMILY's List, un organisme dédié au soutien des politiciennes démocrates.

Mais les républicains croient eux aussi que l'accent mis sur l'égalité des genres dans le débat public pourrait leur profiter. L'imbroglio autour de la nomination du juge Brett Kavanaugh à la Cour suprême les a galvanisés, préviennent-ils.

Alice Stewart, vétérane des campagnes présidentielles républicaines, estime que cette affaire s'est retournée contre les démocrates, qui ont selon elle tenté de détourner le mouvement #moiaussi à leur avantage.

« Je dis que ça s'est retourné contre eux dans le sens où ç'a ravivé l'intensité des républicains en raison de jusqu'où les démocrates étaient prêts à aller pour transformer le processus de confirmation en une telle campagne de salissage », analyse-t-elle.

Mais dans le camp adverse, les femmes qui s'étaient opposées à la confirmation du juge Kavanaugh à cause de l'allégation d'agression sexuelle portée contre lui restent convaincues que cette affaire les énergisera aussi, et ce, bien au-delà de 2018.

Kelley Robinson, qui dirige un organisme de planification familiale, estime que les électrices n'oublieront pas cette controverse de sitôt. À ses yeux, tous les sénateurs qui ont appuyé le juge Kavanaugh ont « pris parti contre les femmes » et « se sont rangés du côté des gens qui ne croyaient pas les survivantes, qui s'en moquaient ».

Comme pour la plupart des élections de mi-mandat, le scrutin à venir représente aussi un test pour le président en fonction. Et auprès des femmes, qui votent habituellement à des taux plus élevés que les hommes, Donald Trump jouit d'une popularité mitigée. Dans un récent sondage NPR-PBS News Hour-Marist, 49 % des répondantes ont dit désapprouver M. Trump, comparativement à 44 % des hommes. Dans l'ensemble, 51 % des femmes ont déclaré que le président serait un facteur déterminant par rapport à leur vote.

Bien que #moiaussi ne vise pas explicitement à faire élire plus de femmes ou à pousser les électrices à se rendre aux urnes, certaines pensent que ce mouvement se nourrit de la même énergie que la nouvelle vague de politiciennes.

C'est notamment l'avis d'Amanda Litman, cofondatrice de Run For Something, un organisme qui aide les jeunes de gauche à faire le saut en politique. « Il est question de différents moyens pour aborder le même problème de fond : un groupe de personnes qui ne se voit pas représenté dans le système et qui se lève et dit :''Ça ne marche pas pour moi. Je veux rejeter le statu quo parce que sinon, je ne serai pas protégée et personne ne se battra pas pour moi. " »