L'homme soupçonné d'avoir perpétré un massacre dans une synagogue de Pittsburgh a comparu brièvement en fauteuil roulant devant la Cour fédérale, lundi, pour être accusé d'avoir abattu 11 personnes dans ce qui serait la pire tuerie contre des juifs de toute l'histoire des États-Unis.

Robert Gregory Bowers, qui a été blessé dans l'échange de coups de feu avec les policiers lors de l'attaque de samedi, a reçu son congé de l'hôpital lundi matin et a pu être conduit en fauteuil roulant dans la salle d'audience.

Il demeure détenu jusqu'à son audience préliminaire qui aura lieu jeudi, alors que les procureurs exposeront leurs arguments contre lui.

Pendant sa comparution, l'individu a parlé avec deux avocats désignés par le tribunal, a consulté des documents et a confirmé son identité à un juge, en répondant doucement « Oui » à toutes ses questions.

Les gardiens de sécurité lui ont libéré les mains de ses menottes temporairement pour qu'il signe des papiers. Il n'a pas encore enregistré de plaidoyer de culpabilité.

M. Bowers est demeuré impassible pendant l'audience.

« Ce n'était pas le visage infâme que je pensais voir », a confié Jon Pushinksy, un fidèle de la congrégation Dor Hadash, qui a perdu l'un de ses membres dans la tuerie.

Les procureurs fédéraux ont mis en place des démarches pour réclamer la peine capitale contre le camionneur de 46 ans qui, selon les autorités, a exprimé sa haine envers les juifs pendant la fusillade. Il aurait aussi dit à la police qu'il voulait « tuer les juifs » et que « tous les juifs devraient mourir ».

Après la comparution, le procureur Scott Brady a qualifié les meurtres « d'actes horribles de violence ». « Soyez assurés que nous avons une équipe de procureurs qui travaillent fort pour s'assurer que justice soit rendue », a-t-il ajouté.

Soigné par des employés juifs

Selon les autorités, M. Bowers a tué huit hommes et trois femmes avant qu'un groupe tactique de la police l'atteigne par balle. Six autres personnes ont été blessées, dont quatre policiers. Quatre des blessés demeuraient hospitalisés dimanche soir, dont deux dans un état critique.

Le président de l'hôpital où le tireur présumé a été transporté a déclaré qu'en arrivant dans l'établissement, l'homme lançait des injures contre les juifs, alors même qu'il était soigné par des employés de confession juive.

« Il a été transporté à mon hôpital et il criait : "Je veux tuer tous les juifs ! " Et les trois premières personnes qui ont pris soin de lui étaient juives », a raconté Jeffery Cohen, de l'hôpital général Allegheny, en entrevue avec la station de télévision WTAE-TV.

« N'est-ce pas un coup de pied au derrière ? »

M. Cohen, qui est aussi juif et membre de la synagogue Tree of Life, dit avoir rendu visite à M. Bowers dans sa chambre.

« Je lui ai juste demandé comment il allait, s'il éprouvait de la douleur. Il a répondu que non, il était correct. Il m'a demandé qui j'étais. J'ai dit : "Je suis le docteur Cohen, le président de l'hôpital", et je me suis tourné pour partir. »

Des témoins se confient

Des survivants de la fusillade ont commencé à raconter ce qui s'est passé pendant la tuerie de samedi dans la synagogue Tree of Life.

Barry Weber, âgé de 76 ans, a relaté qu'il s'était caché dans un placard à rangement alors que le tireur déchargeait son arme dans la synagogue.

« Je ne sais pas pourquoi il croit que les juifs sont responsables de tous les maux dans le monde, mais il n'est pas le premier, et il ne sera pas le dernier », a-t-il soutenu.

« Malheureusement, nous devons porter ce fardeau. Cela me brise le coeur. »

Les premières funérailles des victimes, celles des frères Cecil et David Rosenthal, auront lieu mardi.

La Maison-Blanche a annoncé que le président Donald Trump et sa femme, Melania, se rendraient en Pennsylvanie mardi « pour exprimer le soutien des Américains et pour vivre le deuil avec la communauté de Pittsburgh ».

L'annonce de la visite des Trump a été reçue de façon mitigée.

Les dirigeants d'un groupe juif progressiste à Pittsburgh ont écrit une lettre ouverte au président, affirmant qu'il n'était pas le bienvenu jusqu'à ce qu'il dénonce le « nationalisme blanc ».

Mais le rabbin Jeffrey Myers, de la synagogue Tree of Life, a clairement indiqué que M. Trump serait le bienvenu, déclarant au réseau NBC : « Ce serait toujours un honneur pour moi de rencontrer un président des États-Unis. »

Le massacre de samedi, qui a eu lieu 10 jours avant les élections de mi-mandat, a exacerbé les tensions dans le pays, à peine un jour après l'arrestation de l'homme de la Floride accusé d'avoir envoyé une série de bombes artisanales à des personnalités ouvertement opposées à Donald Trump.