Donald Trump ne cachait pas son plaisir lundi à l'idée de présider dans la soirée la cérémonie d'investiture officielle du juge Brett Kavanaugh à la Cour suprême, une victoire obtenue à l'arrachée après une lutte politique intense.

«Nous allons procéder à l'investiture ce soir à 19h00 à la Maison-Blanche, c'est très excitant», a-t-il déclaré en marge d'une rencontre avec des policiers en Floride, se disant «très honoré» de présider cette prestation de serment.

Jetant une nouvelle fois de l'huile sur le feu, Donald Trump a dénoncé les accusations d'abus sexuels portées contre son candidat à la Cour suprême. Il ne s'agissait selon lui que d'une «supercherie», d'allégations «fabriquées» pour empêcher sa confirmation.

Les démocrates, a-t-il encore décoché, «l'ont torturé», «c'était honteux». Ils le paieront dans les urnes, lors des élections parlementaires du 6 novembre, a-t-il prédit.

Brett Kavanaugh, 53 ans, a déjà prêté serment devant la haute cour lors d'une cérémonie privée samedi soir, quelques heures après avoir obtenu de justesse le feu vert du Sénat.

L'arrivée de ce farouche défenseur des valeurs conservatrices place les juges progressistes en minorité - avec quatre juges sur neuf - au sein du temple du droit américain, qui veille à la constitutionnalité des lois et arbitre les sujets de société les plus épineux (peine de mort, mariage homosexuel, droit à l'avortement, défense de l'environnement...).

Sa confirmation a donc été vivement combattue par les démocrates dès l'annonce de son choix, début juillet, par le président Trump, qui avait promis à sa base électorale de nommer des juges opposés à l'avortement et défenseurs du droit à porter des armes à feu.

Malgré les efforts des démocrates, le juge semblait en bonne voie d'être confirmé quand, à la mi-septembre, une femme est sortie de l'ombre pour l'accuser d'une tentative de viol remontant à 1982, quand elle avait 15 ans et lui 17, ce qu'il a vigoureusement nié.

Dans le contexte du mouvement #MeToo, qui a sensibilisé les Américains aux tourments vécus par les victimes d'abus sexuels, ces accusations ont menacé de faire dérailler sa nomination.

Après avoir auditionné les deux parties et, suite à un complément d'enquête du FBI qui n'a pas fait apparaître d'éléments nouveaux, trois sénateurs indécis ont fait pencher la balance en faveur du juge.

Avec 50 voix pour et 48 contre, le magistrat est le juge le plus mal confirmé de la Cour suprême depuis 1881. Sa confirmation a été accompagnée de manifestations, notamment de victimes d'agressions sexuelles.