Détenu handicapé livré à lui-même, des mois d'attente pour des soins dentaires, isolement arbitraire... Une visite surprise a révélé les conditions de vie alarmantes des migrants clandestins détenus dans un centre géré par une société privée à Adelanto, en Californie.

C'est le Département de la sécurité intérieure qui a effectué cette «inspection surprise» en mai dans ce centre de rétention du Immigration and Customs Enforcement (ICE), la police aux frontières américaine, notamment chargée de la lutte contre l'immigration illégale.

À l'époque, 1659 détenus se trouvaient dans ce centre, le plus grand de Californie, situé à 150 km au nord-est de Los Angeles. Il appartient au groupe privé GEO, spécialisé dans la gestion pénitentiaire aux États-Unis, mais aussi présent en Australie et au Royaume-Uni.

Lors de cette inspection, «nous avons identifié nombre de problèmes graves (...) qui présentent des risques notables pour la santé et la sécurité», résume l'inspection générale dans son rapport, demandant à l'ICE d'y remédier au plus vite.

En cause notamment, des «conditions de mise à l'isolement inappropriées et excessives», des «soins médicaux inadéquats et tardifs» et, plus étonnant, des «noeuds coulants» faits de draps tressés qui ornent la plupart des cellules.

Selon les détenus interrogés lors de l'inspection, ces draps serviraient tantôt de corde à linge, tantôt de paravent pour créer un semblant d'intimité. Ils seraient pourtant surnommés «potences» par le personnel du centre et ont plus d'une fois servi à des suicides par pendaison, relève le rapport.

L'inspection générale a pointé du doigt de graves dysfonctionnements dans les procédures de «mise à l'isolement» de détenus, pour des raisons disciplinaires ou administratives. Et de citer l'exemple d'un homme handicapé laissé sans assistance dans son fauteuil roulant, incapable de se coucher sur son lit ou de se laver.

Enfin, les migrants détenus peuvent parfois attendre des mois pour des soins médicaux ou dentaires. Un homme interrogé par les inspecteurs dit avoir patienté huit mois pour voir un dentiste, qui s'est finalement trompé en lui arrachant la dent.

«Des conditions cruelles et cauchemardesques», a dénoncé l'Union américaine pour les libertés civiles en Californie du Sud, qui alerte depuis plusieurs années sur les «abus et négligences» en vigueur à Adelanto.