Pour sa première présidence du Conseil de sécurité, l'imprévisible Donald Trump s'est plié de bonne grâce au protocole rigoureux en vigueur: il a remercié un à un les intervenants après leur discours, y compris ses adversaires, et s'en est tenu au texte qui lui était soumis, sans s'en écarter.

À 10h00 cependant, heure prévue pour le début de la réunion qu'il avait lui-même convoquée pour parler d'Iran, de Corée du Nord et de Syrie, point de président américain.

Dans la salle solennelle du Conseil, autour de la vaste table en forme de fer à cheval, 14 dirigeants patientent, multiplient les apartés, les allers et venues, pendant plus de vingt minutes.

Le président français Emmanuel Macron s'entretient avec les premiers ministres britannique Theresa May et néerlandais Mark Rutte sous l'immense fresque en tapisserie de l'artiste norvégien Per Krohg symbolisant la promesse d'un avenir de paix et de liberté individuelle.

Ils saluent le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, présent mais non appelé à prendre la parole lors de la réunion.

Il y a là au total quatre présidents (France, Pologne, Guinée équatoriale, Bolivie), un vice-président (Côte d'Ivoire), deux Premiers ministres (Royaume-Uni et Pays-Bas), ainsi que sept ministres des Affaires étrangères. Contrairement à des prédictions pessimistes, «il n'y a pas de tension particulière», confie un diplomate présent dans la salle.

Le président bolivien Evo Morales, habillé d'une tenue traditionnelle noire, est le seul homme à ne pas avoir de cravate.

Deux coups de marteau 

Retardé par un entretien avec le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou, Donald Trump finit par arriver. Le silence se fait. Le président s'attèle à la procédure pour annoncer l'agenda de la réunion et se saisir du marteau pour déclarer «la séance ouverte».

Comme le permet le règlement, même si l'habitude est pour le président de séance de parler en dernier, Donald Trump enchaîne en dénonçant comme cela était attendu «l'agressivité de l'Iran» et la responsabilité de la Russie dans la «boucherie» en Syrie.

Plus iconoclaste par rapport au sujet de non-prolifération à l'agenda, il accuse d'«ingérence» la Chine dans les prochaines élections parlementaires américaines.

Après son discours, entorse à la règle malgré la présence juste derrière lui de son ambassadrice à l'ONU Nikki Haley, censée le cornaquer, Donald Trump se saisit à nouveau du marteau pour donner un coup sur la table lorsqu'il donne la parole à Emmanuel Macron.

Les éloges que ce dernier lui fait à propos de la Corée du Nord suscitent un hochement de tête approbatif de l'occupant de la Maison-Blanche.

Pendant ce temps, le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov peaufine son discours.

Présidents et hauts dirigeants enchaînent ensuite les interventions, avec un président américain imperturbable dans son rôle d'organisateur de la réunion. Russe, Chinois, Bolivien ont tous été remerciés, même lorsqu'ils s'en prenaient aux États-Unis, implicitement ou explicitement.

Au milieu de la réunion, Donald Trump s'éclipse, comme d'ailleurs Emmanuel Macron, laissant sa chaise à Nikki Haley avec la charge d'écouter les chefs de la diplomatie du Kazakhstan ou de la Suède.

«Finalement, Trump a été très sage», résume un diplomate sous couvert d'anonymat, presque déçu que cette séance inédite du Conseil de sécurité, annoncée comme celle qui «sera la plus regardée» au monde par Nikki Haley, se soit déroulée sans fracas ni envolée.

La veille, lors de son discours à la tribune de l'Assemblée générale, le président américain avait fait rire l'assistance à ses dépens lorsqu'il avait glorifié son bilan, qualifié d'«historique».

Mercredi, lors d'une conférence de presse, Donald Trump a assuré que l'assistance avait ri avec lui et non de lui. «Les médias bidon ont dit que les gens avaient ri de moi, mais ils n'ont pas ri de moi, ils ont ri avec moi. Les gens passaient un bon moment avec moi», a-t-il souligné.