L'agence fédérale américaine des médicaments (FDA) envisage d'interdire avec effet immédiat les cigarettes électroniques parfumées, son patron s'inquiétant d'une «épidémie» de vapotage chez les jeunes Américains.

L'instance a adressé plus de 1100 courriers d'avertissement et mis à l'amende 131 distributeurs pour avoir vendu des cigarettes électroniques et des produits dérivés à des mineurs lors d'une vaste opération secrète menée dans des boutiques en dur et en ligne pendant l'été.

Il s'agit de «l'effort coordonné d'application de la réglementation le plus important jamais réalisé dans l'histoire de la Food and Drug Aministration», a relevé cette agence des denrées alimentaires et des médicaments, prévenant qu'une action encore plus importante allait suivre.

Il y a «des signes clairs (selon lesquels) l'utilisation de cigarettes électroniques par les jeunes a atteint une proportion épidémique et nous devons ajuster certains aspects de notre stratégie générale pour écarter ce danger réel», a commenté Scott Gottlieb, patron de l'organisme, cité dans le communiqué.

«Nous nous focalisons tout spécialement sur les e-cigarettes parfumées. Et nous envisageons sérieusement une modification de la réglementation qui entraînerait le retrait immédiat de ces produits parfumés du marché», a-t-il mis en garde.

Il a fait référence, sans dévoiler de détails, à des données préliminaires montrant que «l'utilisation des cigarettes électroniques par la jeunesse augmente de manière très nette».

Ces résultats devraient être rendus publics dans les prochains mois.

D'après le Washington Post, ces données sont issues de l'Étude nationale sur le tabagisme chez les jeunes et montrent un bond de 75% de l'utilisation des e-cigarettes chez les étudiants en 2018 par rapport à l'année précédente.

«J'utilise le mot "épidémie" avec une extrême prudence. Les e-cigarettes sont devenues une tendance presque omniprésente - et dangereuse - parmi les adolescents», a relevé M. Gottlieb. «La trajectoire préoccupante et croissante que nous constatons chez les jeunes, et qui peut aboutir à une dépendance, doit être interrompue».

Les cigarettes électroniques fonctionnent avec une batterie qui permet de chauffer de la nicotine liquide, la transformant en vapeur à inhaler. Beaucoup utilisent des parfums fruités qui, selon leurs détracteurs, attirent les jeunes et risquent de les rendre dépendants à la nicotine.

La FDA a interdit leur vente à des mineurs (moins de 18 ans, voire moins de 21 ans dans certains États) en 2016.

Pour le président de la Campagne pour des jeunes sans tabac, la FDA a accompli un pas crucial pour endiguer la consommation de cigarettes électroniques par les jeunes qui pourrait être «un tournant fondamental».

«Pour la première fois, la FDA reconnaît que (ce problème) doit être appréhendé en exigeant des fabricants le retrait des produits parfumés du marché à moins que ces produits soient examinés par la FDA, qu'ils changent leurs méthodes actuelles de publicité, qu'ils suppriment les ventes en ligne et qu'ils prennent des mesures importantes pour éliminer les ventes illégales aux enfants», a relevé Matthew Myers.

Le fabricant JUUL Labs, basé à San Francisco et qui a créé un modèle particulièrement apprécié des jeunes, fait partie des entreprises réprimandées par la FDA.

«JUUL Labs travaillera de manière pro-active avec la FDA», a indiqué Kevin Burns, son patron, dans un communiqué. «Nous sommes engagés à empêcher l'utilisation de notre produit par des mineurs et nous souhaitons faire partie de la solution pour garder les cigarettes électroniques hors des mains des jeunes».

Mais il n'a pas semblé prêt à abandonner la nicotine parfumée, qui plaît aux adultes et qui est un facteur les incitant selon lui à troquer la cigarette à tabac pour la version électronique.