La diplomatie épistolaire continue entre Donald Trump et Kim Jong-un : le président, qui attend une nouvelle lettre du dirigeant nord-coréen, a affiché vendredi un regain d'optimisme sur la dénucléarisation de la Corée du Nord.

« Je sais qu'une lettre personnelle de Kim Jong-un est en livraison », a dit le milliardaire républicain à des journalistes dans l'avion présidentiel lors d'un déplacement entre le Montana et le Dakota du Nord.

« Je crois que ce sera une lettre positive », a-t-il ajouté, alors que les discussions sur le désarmement atomique de la péninsule coréenne viennent de connaître une phase difficile.

Le président s'est attardé sur ces échanges de courriers devenus caractéristiques du rapprochement exceptionnel entre les deux pays ennemis, qui échangeaient encore, en 2017, invectives et menaces.

« C'est une manière élégante » de communiquer, « comme on faisait il y a de nombreuses années avant tous ces nouveaux engins », a-t-il estimé, expliquant que cette dernière missive avait été « apportée à la frontière » entre les deux Corées dans la journée de jeudi et devrait lui être remise par le secrétaire d'État, Mike Pompeo.

Une précédente lettre, écrite par le locataire de la Maison-Blanche, avait été remise par Mike Pompeo à son homologue nord-coréen, Ri Yong Ho, début août en marge d'une réunion ministérielle en Asie. Auparavant, une missive du dirigeant nord-coréen avait permis de remettre sur les rails leur sommet historique du 12 juin à Singapour, que Donald Trump venait pourtant d'annuler.

La nouvelle lettre permettra-t-elle aussi de relancer les négociations sur la dénucléarisation, au point mort depuis ce face-à-face inédit ?

Alors que les contacts semblaient gelés depuis l'annulation par le président américain, fin août, d'un voyage de Mike Pompeo à Pyongyang, pour cause de progrès insuffisants, une certaine détente semble en tout cas marquer à nouveau les relations.

Dialogue direct

Selon un émissaire sud-coréen qui s'est rendu cette semaine dans la capitale nord-coréenne, Kim Jong-un « a exprimé sa ferme détermination en faveur de la dénucléarisation de la péninsule coréenne, de même que l'intention de travailler étroitement avec les États-Unis » pour « réaliser cet objectif », et ce, « durant le premier mandat du président Trump », qui s'achève en janvier 2021. L'administration américaine s'est fixé la même date-butoir.

Surtout, le numéro un de Pyongyang a assuré, d'après ce compte-rendu, que « sa confiance envers M. Trump » restait « inchangée ».

Une déclaration saluée à plusieurs reprises par le président américain.

« Ce qu'il a dit sur moi est très positif », « il n'y a jamais eu une déclaration aussi positive », s'est félicité vendredi Donald Trump, reprochant à la presse de ne pas en parler suffisamment.

« Merci au président Kim. Nous y arriverons ensemble ! » avait-il lancé la veille sur Twitter.

Selon les observateurs, le dirigeant nord-coréen privilégie un dialogue direct avec le président des États-Unis, persuadé de pouvoir lui arracher davantage de concessions en tête-à-tête que lors de négociations entre diplomates des deux camps.

Depuis le sommet de Singapour, les Nord-Coréens ont d'ailleurs pris soin de ne jamais critiquer Donald Trump, tout en accusant son gouvernement, et notamment Mike Pompeo, d'employer des méthodes de « gangster ».

Pyongyang voudrait des contreparties rapides, voire préalables, en échange d'avancées vers une dénucléarisation, comme une déclaration ou même un traité pour mettre fin formellement à la guerre de Corée, qui ne s'est conclue en 1953 que par un simple armistice.

Washington, au contraire, réclame un début concret du processus de désarmement avant toute chose et promet de maintenir jusqu'au bout la pression et les sanctions.

« Il y a encore un énorme travail à accomplir » pour « convaincre le président Kim de prendre le tournant stratégique » de la dénucléarisation, a estimé jeudi Mike Pompeo, se montrant plus prudent que Donald Trump. Ce dernier a néanmoins estimé vendredi que son secrétaire d'État faisait « un boulot fantastique ».