Le secrétaire américain à la Défense Jim Mattis est arrivé vendredi à Kaboul pour une visite surprise au cours de laquelle il rencontrera le président afghan Ashraf Ghani et le nouveau commandant des forces américaines et de l'OTAN.

Les États-Unis ont actuellement 14 000 militaires déployés en Afghanistan, où ils constituent l'essentiel des effectifs de la mission de l'OTAN pour soutenir et former les forces de sécurité afghanes.

La visite de M. Mattis, sa deuxième en Afghanistan en l'espace de quelques mois, intervient à un moment charnière du conflit qui dure depuis 17 ans.

Les forces afghanes et américaines n'ont guère progressé contre les talibans, le plus grand groupe insurgé d'Afghanistan, et les acteurs diplomatiques redoublent d'efforts pour mener des pourparlers de paix.

Un cessez-le-feu sans précédent en juin, suivi d'une rencontre entre des responsables américains et des représentants des talibans au Qatar en juillet, a nourri l'espoir que les négociations pourraient mettre un terme aux combats.

Mais une récente vague d'attaques perpétrées par les talibans et le groupe État islamique, qui a fait des centaines de morts parmi les forces de sécurité et les civils, a gravement entamé cet optimisme.

Début août, les talibans ont lancé un assaut contre Ghazni, ville stratégique située à deux heures de route de Kaboul. L'armée afghane, appuyée par des raids aériens américains, a peiné plusieurs jours avant de parvenir à les repousser.

Cette offensive a été suivie de plusieurs attentats meurtriers, notamment dans la capitale. Le dernier en date est survenu mercredi lorsqu'un double-attentat dans un gymnase d'un quartier chiite de Kaboul a fait au moins 26 morts et 91 blessés.

Nouvelle réunion ?

La nouvelle stratégie pour l'Afghanistan du président Donald Trump, qui a accru le nombre de militaires stationnés sur place, annoncée en août 2017, était censée amener les talibans à la table des négociations.

Mais ceux-ci ont toujours refusé les offres de dialogue offertes par le gouvernement du président Ashraf Ghani, qu'ils considèrent illégitime, et réclament depuis longtemps des pourparlers directs avec Washington.

Il est désormais envisageable qu'une nouvelle réunion entre les représentants des États-Unis et des talibans puisse se tenir ce mois-ci.

Jim Mattis est arrivé à Kaboul en provenance de New Delhi où lui et le secrétaire d'État américain Mike Pompeo ont rencontré leurs homologues indiens.

M. Pompeo s'est également rendu à Islamabad mercredi, où il a notamment rencontré le nouveau premier ministre Imran Khan.

Le Pakistan est accusé de jouer un «double jeu» en soutenant des groupes extrémistes en Afghanistan et les États-Unis n'ont pas fait mystère de leur exaspération ces derniers mois.

À l'issue de sa visite, M. Pompeo a souligné «l'opportunité de réinitialiser la relation» entre les deux pays, et rappelé qu'il restait du chemin à accomplir «pour aboutir à une résolution pacifique (du conflit) en Afghanistan».

Pour parvenir à concrétiser un accord, la diplomatie américaine a chargé Zalmay Khalilzad de diriger les efforts de paix en Afghanistan.

Figure de la diplomatie américaine et du camp néo-conservateur sous le président George W. Bush, Zalmay Khalilzad, qui a des origines afghanes, fut ambassadeur à Kaboul, à Bagdad et aux Nations unies.