L'ancien directeur des renseignements américains, John Brennan, a déclaré jeudi que le président Donald Trump lui a retiré son habilitation de sécurité parce que sa campagne était de mèche avec les Russes pour influencer l'issue de la présidentielle de 2016, et qu'il cherche maintenant désespérément à mettre fin à l'enquête du procureur spécial.

Dans un texte d'opinion publié par le New York Times, l'ancien patron de la CIA cite des articles de presse et rappelle que, pendant la campagne, M. Trump a mis Moscou au défi de trouver les courriels manquants de la candidate démocrate Hillary Clinton.

M. Trump lui-même a établi un lien direct entre la révocation de l'habilitation de M. Brennan et l'enquête sur la Russie, affirmant au Wall Street Journal que l'enquête était un «simulacre» et que «ces personnes l'ont menée!»

M. Brennan ajoute que les affirmations de M. Trump selon lesquelles il n'y a pas eu de collusion avec la Russie sont des «foutaises» et que la seule question qui reste est de savoir si la collusion équivaut à un «complot criminellement responsable».

«Trump est clairement devenu plus désespéré de se protéger et de protéger ses proches, raison pour laquelle il a pris la décision politique de révoquer mon habilitation de sécurité pour tenter de faire taire ceux qui pourraient le défier», a-t-il écrit.

La perte de l'habilitation de sécurité de M. Brennan représente un acte de représailles sans précédent contre un détracteur et politise le processus d'habilitation de sécurité du gouvernement fédéral. Les anciens directeurs de la CIA et d'autres hauts responsables de la sécurité nationale sont généralement autorisés à conserver leurs autorisations, au moins pendant un certain temps, afin de pouvoir conseiller leurs successeurs et occuper certains emplois.

M. Trump a déclaré mercredi qu'il examinait les habilitations de sécurité de plusieurs autres hauts responsables des services de renseignement et des forces de l'ordre, dont l'ancien directeur du FBI, James Comey. Tous critiquent le président ou sont des personnes que M. Trump perçoit comme lui étant opposées.

Les démocrates l'ont qualifiée de «liste d'ennemis», une référence à la Maison-Blanche de Richard Nixon, qui gardait une liste des opposants politiques du président Nixon à cibler avec des mesures punitives.