Christopher Collins, l'élu de l'État de New York à la Chambre des représentants inculpé de délit d'initié, en lien avec une société australienne de biotechnologie, a clamé mercredi son innocence et sa volonté de « blanchir son nom ».

Administrateur et actionnaire important (16,8 % du capital) de la biotech australienne Innate Immunotherapeutics, M. Collins aurait révélé à son fils en juin 2017 l'échec d'un essai clinique crucial pour la société avant que la nouvelle ne devienne publique, afin qu'il effectue des transactions et limite ses pertes.

Le fils de Christopher Collins et d'autres personnes qu'il avait mises dans la confidence auraient alors réalisé des ventes massives de titres et évité, au passage, une perte estimée à 768 000 dollars, selon les enquêteurs.

L'élu, inculpé par le procureur fédéral de Manhattan Geoffrey Berman, avait fait parler de lui début 2016 en devenant le premier membre du Congrès américain à soutenir publiquement Donald Trump, qui était alors candidat à l'investiture républicaine.

Lors d'une conférence de presse mercredi soir, il a clamé son innocence et assuré qu'il ne renoncerait pas à se représenter lors des élections législatives de mi-mandat à l'automne.

« Les chefs d'accusation qui ont été reconnus contre moi n'ont aucune valeur et j'organiserai une défense solide pour blanchir mon nom », a-t-il déclaré.

Après l'annonce de son inculpation plus tôt dans la journée, le chef des républicains à la Chambre des représentants, Paul Ryan, a estimé que les accusations justifiaient « une enquête rapide et approfondie » de la commission d'éthique de la Chambre.

Il a également indiqué que M. Collins ne siégerait plus à la commission de l'Énergie et du Commerce.

« Culture endémique de corruption »

Côté démocrate, la chef de file à la Chambre, Nancy Pelosi, a estimé que les charges retenues contre Chris Collins montraient « la culture endémique de corruption et d'enrichissement personnel chez les républicains à Washington aujourd'hui ».

Le médicament élaboré par Innate, objet de l'essai clinique, visait à traiter une forme de sclérose en plaques, maladie pour laquelle n'existe, à ce jour, aucun traitement autre que ceux ralentissant sa progression.

Les perspectives prometteuses de ce traitement avaient fait grimper l'action d'Innate jusqu'à 17,7 dollars australiens en janvier 2017, mais après l'annonce publique de l'échec de l'essai, le 27 juin 2017, le titre s'est effondré de 92 %, tombant à 5 cents.

Christopher Collins a été inculpé de manipulation de titres et de faux témoignage.

« Le représentant Collins, qui, de par ses fonctions, contribue à la rédaction des lois de notre pays, s'est comporté comme si la loi ne le concernait pas », a commenté le procureur Berman lors d'une conférence de presse.

Son fils et le père de la petite amie de ce dernier ont également été inculpés.

Les trois hommes ont été interpellés mercredi matin et devaient être présentés à un juge en début d'après-midi au tribunal fédéral de Manhattan.

Le gendarme américain des marchés financiers (SEC) les a, par ailleurs, assignés au civil.

Dans un communiqué publié sur le site de l'élu, ses avocats ont souligné que l'accusation reconnaissait qu'il n'avait effectué lui-même aucune transaction.