Le président américain, Donald Trump, a indiqué qu'il pourrait demander à son homologue Vladimir Poutine, lors de leur rencontre bilatérale lundi, l'extradition aux États-Unis des douze agents du renseignement russe inculpés vendredi pour le piratage du parti démocrate en 2016.

M. Trump, qui s'exprimait durant une entrevue pour l'émission CBS Evening News enregistrée samedi, n'a toutefois pas été affirmatif, indiquant seulement qu'il « se pourrait » qu'il fasse cette demande à M. Poutine.

Interrogé sur cette éventuelle demande d'extradition, il a répondu : « Je n'y avais pas pensé », avant de poursuivre, « Mais, certainement, je poserai des questions à ce sujet, mais, encore une fois, cela c'est passé durant la présidence Obama ».

La Maison-Blanche n'a toutefois aucune entente d'extradition avec le Kremlin et ne peut pas le sommer de livrer des citoyens russes. Une disposition de la constitution russe interdit d'ailleurs cette pratique.

Le conseiller à la sécurité nationale de la Maison-Blanche, John Bolton, a estimé dimanche sur la chaîne ABC que l'inculpation des agents russes « renforce la position » de M. Trump pour le sommet, prévenant toutefois que les Russes « défendent la position [...] selon laquelle leur Constitution interdit d'extrader des citoyens russes ».

Donald Trump a laissé entendre que le parti républicain, auquel il est affilié, avait également été la cible de piratage russe, mais était mieux protégé face à ces attaques, sans préciser l'origine de cette information.

« Je pense que le parti démocrate devrait avoir honte de lui pour s'être laissé pirater », a-t-il déclaré. « Ils étaient mal protégés et se sont fait pirater. Mais, j'ai entendu qu'ils essayaient aussi de pirater les républicains. Mais - et c'est peut-être faux -, ils étaient bien mieux protégés », a-t-il encore détaillé.

En janvier 2017, CNN avait rapporté que James Comey, alors directeur du FBI, avait déclaré à un panel de sénateurs que « de vieux emails » du parti républicain avaient été la cible d'un piratage, mais qu'ils n'avaient pas été publiés, et qu'il n'y avait par ailleurs aucun signe montrant un piratage du parti républicain d'alors ou de la campagne Trump.

Donald Trump a par ailleurs indiqué à CBS qu'il se rend à sa première rencontre bilatérale avec M. Poutine à Helsinki avec « peu d'attentes ».

« Je n'y vais pas avec de grandes attentes », a-t-il assuré.

Au-delà de la possible ingérence dans le scrutin qui l'a porté au pouvoir, Donald Trump compte soulever des enjeux tels que la prolifération nucléaire et la présence russe, tant en Syrie qu'en Ukraine.

Il a enfin défendu sa décision de rencontrer le président russe, malgré les critiques de l'opposition démocrate. « Avoir des rencontres avec la Russie, la Chine, la Corée du Nord, je crois en ça. Rien de mauvais ne peut en sortir, et peut-être que de bonnes choses en sortiront », a affirmé M. Trump dans cet entretien qui est diffusé en partie dimanche et en totalité lundi.

L'ambassadeur américain à Moscou, Jon Huntsman, a lui martelé dimanche sur la chaîne Fox News que « la Russie est coupable de s'être impliquée de façon malveillante » dans la présidentielle, mettant en garde contre la répétition de ce scénario.

« S'il y a interférence dans les élections [de mi-mandat] en novembre, comme nous l'avons vu en 2016, il ne restera plus guère de relation » entre les États-Unis et la Russie, a-t-il prévenu.

Sommet à Helskini

Donald Trump et Vladimir Poutine se sont déjà rencontrés à deux reprises, lors de sommets en Allemagne et au Vietnam l'an dernier. M. Huntsman estime néanmoins que le face-à-face de lundi constituera « la première fois que les deux présidents s'assoient à la même table et discutent ».

M. Huntsman espère que cette conversation visera à trouver des intérêts convergents entre leurs deux nations.

« En ce moment, il n'y a pas de confiance dans la relation et, à cause de ça, résoudre des problèmes est pratiquement impossible, explique-t-il. Donc, ceci est une tentative pour voir si l'on peut désamorcer et évacuer un peu du caractère dramatique et honnêtement un peu du danger de la relation présentement. »

Selon six sources proches du président américain, ce dernier espère recréer l'expérience du mois dernier avec le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un, soit un sommet qui suscitera un important battage médiatique et qui permettra d'offrir de puissantes images présidentielles.

Après sa rencontre avec Kim Jong-un à Singapour, Donald Trump s'était targué du nombre de caméras présentes, allant jusqu'à dire qu'il avait éclipsé la couverture médiatique de la soirée des Oscars.

Il croyait que la rencontre pourrait même lui mériter le prix Nobel de la paix et l'aider à se démarquer de ses prédécesseurs.

Toujours enthousiaste à l'idée de se donner un spectacle, Donald Trump a fait fi des mises en garde de ses conseillers et a insisté sur la tenue d'un sommet formel avec M. Poutine.

M. Trump déplorait initialement le manque de glamour de la ville hôte et espérait pouvoir plutôt accueillir Vladimir Poutine à la Maison-Blanche. ll se serait finalement laissé convaincre des mérites d'Helskini en réalisant qu'il pourrait faire escale à son terrain de golf en Écosse.