Des milliers de personnes ont défilé samedi à Édimbourg contre Donald Trump, qui achevait sa visite au Royaume-Uni en profitant de son complexe hôtelier écossais de Turnberry après avoir provoqué la stupeur en attaquant la stratégie de Theresa May sur le Brexit.

«Je serai au Trump Turnberry (nom du luxueux établissement sportif et hôtelier, NDLR) pour deux jours de réunions, d'appels et, je l'espère, de golf - ma principale forme d'exercice!», a tweeté samedi matin le président américain, arrivé vendredi soir en Écosse.

PHOTO NEIL HANNA, AFP

Des manifestants sont descendus samedi dans les rues d'Édimbourg pour protester contre la venue du président américain.

«Le temps est magnifique, et cet endroit est incroyable!», a ajouté le dirigeant, qui rejoindra ensuite Helsinki en Finlande où il retrouvera son homologue russe Vladimir Poutine.

À propos de golf, le président américain a été vu en train de frapper la balle sur un des parcours de Turnberry (côte ouest), adressant un signe de la main à des manifestants qui, un peu plus loin, scandaient des slogans «Non à Trump» ou «Non à des États-Unis racistes».

Plus à l'est à Édimbourg, la capitale de la nation septentrionale du Royaume-Uni, ce sont quelque 9000 personnes, selon la police, qui ont défilé contre la visite de M. Trump au Royaume-Uni, sa première officielle en tant que président des États-Unis.

«Trump à la poubelle», «Pas le bienvenu», «L'Écosse dit non à Trump», clamaient les pancartes brandies par les participants, au milieu desquels flottaient des ballons géants représentant le président américain en couche-culotte.

La veille, la manifestation londonienne avait rassemblé plusieurs dizaines de milliers de personnes.

Arrivé jeudi à Londres, le président américain a mis les pieds dans le plat en estimant, dans une interview au tabloïd The Sun, que la volonté de Theresa May de privilégier une relation étroite avec l'UE après le Brexit tuerait «probablement» la possibilité de conclure un accord de libre-échange avec les États-Unis.

La claque a été d'autant plus cinglante pour Mme May que, jeudi soir, la première ministre britannique lui avait déroulé le tapis rouge et vanté la force du lien transatlantique.

Donald Trump s'est montré plus conciliant vendredi lors d'une conférence de presse.

Affichant sa volonté de parvenir à un «formidable» accord d'échange bilatéral avec Londres, M. Trump s'est voulu optimiste: «nous voulons faire des échanges avec le Royaume-Uni, ils veulent en faire avec nous».

En écho, Theresa May a évoqué sa volonté d'aboutir à un accord «ambitieux» avec Washington.

Prochaine étape: Poutine

Le locataire de la Maison-Blanche a aussi déploré la façon dont le Sun avait retranscrit ses propos, avant de faire l'éloge de Mme May, fragilisée au sein de son parti conservateur après de récentes démissions, dont celle du ministre des Affaires étrangères Boris Johnson.

«C'est une très bonne négociatrice, très dure, elle est très intelligente», a martelé le magnat de l'immobilier, qui a pris le thé vendredi après-midi au château de Windsor avec la reine Elizabeth II.

Vendredi soir, quelque 2000 personnes s'étaient rassemblées à Glasgow, à environ une heure de route de Turnberry pour manifester leur opposition à Donald Trump.

L'organisation Greenpeace a de son côté fait voler un parapente motorisé à proximité de son hôtel pour dénoncer sa politique environnementale.

Signe du climat ambiant, Donald Trump avait été accueilli à l'aéroport de Glasgow par un représentant du gouvernement britannique, et non par la première ministre écossaise, Nicola Sturgeon.

L'Écosse, dont est originaire la mère de M. Trump, avait pris ses distances avec le milliardaire à la suite de sa proposition de fermer les frontières américaines aux musulmans pendant la campagne présidentielle de 2016.

L'université Robert Gordon (RGU) d'Aberdeen lui avait retiré un doctorat honorifique et le gouvernement régional son titre d'ambassadeur d'affaires.

Après l'Écosse, M. Trump s'envolera pour Helsinki, où doit se dérouler lundi le premier sommet, très attendu, entre le président américain et Vladimir Poutine.

«Nous avons été beaucoup plus fermes sur la Russie que quiconque», a déclaré Donald Trump vendredi, alors que l'ombre de l'enquête sur l'interférence russe dans la campagne de 2016 pèse sur sa présidence.

«Ceci étant dit, si nous pouvons développer une relation» avec M. Poutine, «ce serait fantastique», a-t-il ajouté, quelques heures avant l'annonce à Washington d'une série d'inculpations d'agents russes.