Les tensions commerciales entre les États-Unis et le reste du monde pèsent de plus en plus sur le moral des ménages américains, ce qui pourrait finir par affecter leurs dépenses, traditionnel moteur de la croissance de la première économie mondiale.

Après 98,2 points en juin, l'indice de confiance est tombé à 97,1 points pour les premiers jours de juillet, selon les résultats préliminaires de l'enquête mensuelle de l'Université du Michigan publiés vendredi.

Et le moral s'érode plus que prévu puisque les analystes anticipaient 97,8 points.

Si l'indice mesurant le jugement des consommateurs sur leur situation actuelle est quasiment stable (86,4 points contre 86,3 en juin), l'indice sur les perspectives de l'économie s'inscrit, lui, en baisse de 2,2 points, à 113,9 points.

«Le nuage noir à l'horizon est l'inquiétude grandissante sur le potentiel impact négatif des taxes douanières sur l'économie nationale», a résumé Richard Curtin, économiste en chef de l'Université du Michigan.

Cette inquiétude, note-t-il, se propage depuis trois mois parmi les personnes interrogées: 15 % en mai, 21 % en juin et 38 % en juillet.

En outre, parmi le tiers des ménages les plus aisés financièrement, qui comptent pour la moitié des dépenses de consommation, 52 % ont mentionné, début juillet, que les tarifs douaniers pourraient avoir un impact négatif sur l'économie.

Comme en juin, la crainte principalement exprimée est celle d'un ralentissement du rythme de croissance économique combiné à une accélération de l'inflation.

L'administration Trump a pris ces derniers mois une série de mesures protectionnistes: taxes douanières de 25 % sur les importations d'acier et de 10 % sur celles d'aluminium, taxes de 25 % sur 50 milliards de marchandises chinoises.

Les principaux partenaires commerciaux des États-Unis, dont le Canada, la Chine, l'Union européenne et le Mexique, ont répliqué en annonçant des taxes douanières sur des marchandises américaines.

La finalité de la politique commerciale de l'administration Trump est de pousser les pays à abaisser leurs taxes douanières sur les marchandises américaines, a rappelé le président de la banque centrale Jerome Powell, lors d'un entretien jeudi à la radio américaine NPR.

«Si on y arrive, ce sera une bonne chose pour l'économie», a-t-il dit.

«Si cela produit un résultat différent, alors nous devrons faire face à des taxes douanières plus élevées sur un grand nombre de produits, de biens et de services (...) si elles le sont pour longtemps, alors oui, cela pourrait avoir un impact négatif pour notre économie», a-t-il reconnu, soulignant que pour l'heure, il était difficile de savoir quel allait être l'impact in fine.

Incertitudes

«Je ne voudrais pas (...) me plonger dans une série d'hypothèses ici, mais je dirais que l'on peut imaginer des situations qui pourraient être très difficiles avec une accélération de l'inflation et une économie qui faiblit», a-t-il ajouté.

À l'occasion des résultats du deuxième trimestre présentés vendredi, les dirigeants de grandes banques américaines ont unanimement souligné que la politique commerciale de Donald Trump était source d'inquiétude et d'incertitude bien que, pour l'heure, ils n'ont constaté aucun impact immédiat sur leur activité.

«C'est sans aucun doute dans l'esprit des gens et l'incertitude n'est bonne pour personne», a ainsi commenté Marianne Lake, la directrice financière de JPMorgan, soulignant que la confiance alimente les investissements.

La Fed a, elle-même, récemment mis en garde contre les incertitudes en matière commerciale qui pourraient nuire à l'investissement et à la confiance des entreprises américaines. Certaines d'entre elles ont d'ailleurs déjà fait état de la réduction et/ou du report de projets de dépenses d'investissement.

Cette semaine, la Maison-Blanche a annoncé son intention d'imposer des tarifs douaniers de 10 % sur 200 milliards d'importations chinoises supplémentaires.

«Je pense que cela a probablement un impact sur la prise de décision des gens», a abondé vendredi John Gerspach, directeur financier de Citigroup. «Quand on va dans ce genre de rhétorique, cela a un effet sur le moral et je suis sûr que certaines personnes revoient leurs décisions», a-t-il ajouté.

Le département du commerce mène aussi une enquête sur l'opportunité d'imposer des taxes douanières supplémentaires sur les importations dans le secteur automobile. De telles taxes seraient bien plus préjudiciables, ce secteur étant au coeur des échanges du commerce mondial.