L'administration Trump a admis jeudi qu'elle utilisait des tests d'ADN pour réunir jusqu'à 3000 mineurs migrants avec leurs parents sans-papiers, nouvel épisode controversé dans l'affaire de ces séparations ordonnées au nom d'une politique de «tolérance zéro» sur l'immigration.

Les autorités sont engagées dans un contre-la-montre pour rendre «environ 100 enfants de moins de cinq ans» à leurs parents d'ici mardi, a indiqué le ministre de la Santé, Alex Azar. Les autres mineurs doivent retrouver leurs familles d'ici le 26 juillet.

Les familles seront rassemblées en centre de rétention si les parents y sont toujours retenus.

Pleurs de tout-petits paniqués, récits de parents effondrés, sans nouvelles de leurs enfants envoyés à des milliers de kilomètres de leurs centres de rétention: l'Amérique vit depuis des semaines au rythme de ces témoignages poignants qui ont indigné démocrates, milieux religieux et jusque dans les rangs des républicains.

Face au tollé, Donald Trump a mis fin par décret le 20 juin aux séparations qui s'étaient multipliées depuis qu'il avait ordonné, début mai, l'arrestation systématique et les poursuites au pénal de tous les clandestins franchissant la frontière. Mais il appelle maintenant le Congrès à réformer les lois sur l'immigration.

Au total, quelque 11 800 mineurs migrants sont actuellement retenus par les autorités américaines après avoir franchi illégalement la frontière, mais 80% d'entre eux sont des adolescents arrivés seuls, selon M. Azar.

D'après les précédents chiffres officiels, plus de 2300 mineurs ont été retirés à leurs parents sans-papiers à partir de début mai. Plus de 500 ont été rendus à leurs parents ces derniers jours.

«Protéger les enfants»

«Nous conduisons des tests d'ADN pour confirmer les liens de parenté rapidement et rigoureusement», a indiqué Alex Azar lors d'une conférence téléphonique, confirmant une pratique décriée par les associations de défense des migrants.

«Cela pourrait permettre au gouvernement de surveiller ces enfants pendant le restant de leurs jours», s'est indigné la directrice de communication de l'organisation Raices, Jennifer K. Falcon, dans un communiqué. «C'est une nouvelle preuve de l'incompétence de l'administration et une admission de culpabilité [...] Ils n'ont jamais recensé correctement les parents et enfants».

Les autorités n'ont recours à cette méthode que lorsque les documents d'identification ne sont pas fiables ou inexistants, s'est défendu Jonathan White, responsable des opérations d'urgence au ministère de la Santé.

«Les résultats d'ADN sont uniquement utilisés pour» réunir les familles, a-t-il martelé lors de la conférence téléphonique. «Nous devons protéger les enfants».

Un tribunal de San Diego a ordonné fin juin la réunification des familles de migrants dans ces délais, réclamant au gouvernement de «faire face aux circonstances chaotiques qu'il a créées».

«Afin de respecter la date butoir du tribunal, le ministère de la Santé a dû réduire [ses procédures habituelles] à un processus plus expéditif» pour vérifier les dossiers de chacun, a déploré M. Azar.

Malgré la controverse, l'administration Trump a salué jeudi la baisse de 18% en juin des interpellations à la frontière avec le Mexique (42 565) «après la mise en oeuvre de la politique de tolérance zéro».

«DEHORS»

Le président américain a de son côté de nouveau exhorté le Congrès à réformer d'urgence les lois «insensées» sur l'immigration, appelant à pouvoir renvoyer immédiatement tous les clandestins qui entrent aux États-Unis afin d'éviter le problème des séparations.

Majoritaires à la Chambre des représentants et au Sénat, les républicains peinent depuis des mois à passer une vaste réforme de l'immigration. Et si les séparations de familles de migrants ont ajouté une nouvelle urgence au sujet, les parlementaires semblent encore loin d'adopter une loi.

«Quand les gens, avec ou sans enfants, entrent dans notre Pays, on doit leur dire de partir sans que notre [...] Pays soit forcé de passer par un long et coûteux procès», a tweeté Donald Trump en allusion aux procédures qui permettent notamment d'entendre leur éventuelle demande d'asile.

«Dites aux gens "DEHORS" et ils doivent partir, comme ils le feraient s'ils étaient dans votre jardin».