Le Libyen Abou Khattala a été condamné à 22 ans de prison mercredi à Washington pour son rôle dans les attaques ayant tué quatre Américains, dont l'ambassadeur des États-Unis en septembre 2012 à Benghazi en Libye, un évènement qui avait choqué les États-Unis.

Présenté comme le chef d'une milice islamiste radicale, il était accusé d'être l'instigateur de ces attaques qui visaient la résidence de l'ambassadeur John Christopher Stevens et un bâtiment abritant la CIA. Outre le diplomate, un membre du département d'État et deux employés de l'agence de renseignement avaient été tués.

Capturé par un commando en juin 2014 en Libye, il avait été acquitté fin novembre 2017 des principales accusations à son encontre mais reconnu coupable de charges liées au «terrorisme» à l'issue du premier procès de ces attaques, qui avait duré huit semaines.

L'accusation réclamait la prison à vie, tandis que la défense avait demandé 15 ans de réclusion.

Pour expliquer la sentence, le juge Christopher Cooper a souligné que le chef de milice âgé de 47 ans faisait partie des coupables même si son rôle actif n'avait par été établi.

«Même si vous n'avez pas versé d'essence ou craqué l'allumette, les preuves montrent que vous étiez au courant des attaques et, une fois les barrières (de la résidence) enfoncées, de la probabilité extrêmement importante que quelqu'un meurt. Ce n'était pas de la culpabilité diluée dans un groupe», a-t-il affirmé, cité par les médias.

Cette condamnation est aussi destinée à décourager ceux qui projettent des attaques contre les intérêts américains à l'étranger et montre qu'un jury civil est capable de juger des suspects accusés d'actes terroristes, a-t-il souligné en référence à la prison de Guantanamo où les suspects sont jugés par la justice militaire.

Le verdict avait toutefois été considéré comme un camouflet pour les autorités américaines qui n'avaient pas réussi à convaincre les 12 jurés qu'Abou Khattala était bien le cerveau de l'attaque de Benghazi.

Malgré ses efforts, l'accusation a manqué de preuves irréfutables de son implication dans les assauts. Les photos et vidéos de surveillance versées au procès ne l'ont jamais montré en train d'avoir un geste hostile.

Portant une longue barbe blanche, M. Khattala avait suivi les débats d'audience grâce à un interprète. Ses avocats le présentaient comme un homme religieux et conservateur qui s'était battu «aux côtés des Américains» contre le régime du dictateur Mouammar Kadhafi, déchu en 2011.

L'accusation avait de son côté tenté de démontrer qu'il était un fondamentaliste radicalement opposé aux valeurs occidentales.

La mort de M. Stevens, le premier ambassadeur tué depuis 1979, avait rapidement pris un tour très politique aux États-Unis. Plusieurs branches du gouvernement de Barack Obama s'étaient vu reprocher des failles et négligences, notamment le département d'État alors dirigé par Hillary Clinton, accusée par les républicains d'avoir initialement tenté de cacher sa dimension terroriste.

Un autre protagoniste présumé de l'attaque de Benghazi, Moustafa al-Imam, a aussi été capturé en Libye puis ramené aux États-Unis et présenté à un juge de Washington début novembre 2017.

AP

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